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"Ils tiraient par rafales" : le patron du Raid raconte l'assaut à Saint-Denis

L'opération a commencé à l'aube et s'est achevée en fin de matinée, mercredi 18 novembre. Cinq membres du Raid ont été blessés.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'extérieur de l'appartement à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), où se trouvaient des personnes soupçonnées d'avoir un lien avec les attentats de Paris, le 18 novembre 2015. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / ANADOLU AGENCY / AFP)

Pendant sept heures, il a supervisé l'assaut à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), mercredi 18 novembre. Jean-Michel Fauvergue, 56 ans, dirige le Raid, l'unité d'élite de la police. Il a raconté l'opération, qui visait Abdelhamid Abaaoud, présenté comme l'un des commanditaires des attentats de Paris, au Parisien-Aujourd'hui en France et au Figaro.

"Nous étions soumis à un feu nourri"

A 4h16, plus de vingt hommes du Raid prennent position sur le palier du troisième étage d'un immeuble de la rue Corbillon, dans le centre-ville de Saint-Denis. Ils font exploser la porte blindée "à l'explosif pour profiter de l'effet de sidération". Mais l'opération échoue.

"La porte blindée s'ouvre mal. On a du mal à rentrer et donc l'effet de surprise n'existe pas et très rapidement nos gars sont pris dans des échanges de tirs nourris. On riposte", raconte au Figaro Jean-Michel Fauvergue. "Nous étions soumis à un feu nourri, avec de vrais professionnels face à nous. Ils tiraient par rafales, ou en coup par coup, à tour de rôle, pour que le feu ne s'arrête pas", ajoute-t-il dans Le Parisien.

Cette première phase dure entre une demi-heure et trois quarts d'heure. Jusqu'à ce que trois personnes sortent sur le palier et se rendent. "Elles ont été menottées et évacuées pour que la police judiciaire les identifie au plus vite", précise le patron du Raid.

"Ce fut d'une telle violence qu'un mur porteur a bougé"

"Après un long moment sans tir, on décide d'envoyer un chien pour qu'il fasse une reconnaissance des lieux", poursuit Jean-Michel Fauvergue dans Le Figaro. Diesel, un malinois de 7 ans, est tué sur le coup. S'ensuit un long échange de tirs. "Un terroriste est touché mais continue de riposter à la kalachnikov", précise le patron du Raid.

Puis, soudain, une "forte", "grande" explosion. Avec force détails sanglants, Jean-Michel Fauvergue témoigne de l'horreur de la scène : "Nous avons vu un corps humain, une tête de femme, passer par la fenêtre et atterrir sur le trottoir, côté rue. Un kamikaze venait de se faire exploser. Ce fut d'une telle violence qu'un mur porteur a bougé."

"C'est là que nous sommes tombés sur un corps"

"Nous sommes au milieu de la mission, il est environ 9 heures. Les tirs de kalachnikov se poursuivent. Puis nous n'entendons plus qu'une kalachnikov car la deuxième s'est tue", reprend le patron du Raid dans Le Figaro. Les snipers positionnés sur les toits lancent alors des grenades.

Les hommes du Raid arrivent à progresser un peu dans l'appartement, grâce à des moyens technologiques poussés. Un drone, par exemple, filme l'intérieur des pièces depuis l'extérieur de l'immeuble. Des robots sont déployés, bien que rapidement bloqués par des gravats.

Finalement, le Raid descend dans l'appartement du deuxième étage. Dans cette pièce, c'est le chaos. "C'est là que nous sommes tombés sur un corps", relate Jean-Michel Fauvergue dans Le Parisien. "Le cadavre est abîmé car il a sans doute pris des grenades et il a reçu une poutre lorsqu'il est tombé. Il n'est pas identifiable", précise-t-il dans Le Figaro.

"Malgré les recherches minutieuses, nous n'avons pas pu déterminer immédiatement s'il y avait deux ou trois terroristes décédés. Deux individus qui se terraient dans les gravats ont été arrêtés. Vers 11h30, l'opération du Raid était terminée", conclut le patron du Raid dans Le Parisien.

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