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Attentats de Paris : Bilal Hadfi, le jeune jihadiste du Stade de France, amateur de jeux vidéo et de taekwondo

Ce Français de 20 ans résidant à Bruxelles est l'un des trois kamikazes du Stade de France. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Photo non datée de Bilal Hadfi, 20 ans, l'un des trois kamikazes qui s'est fait exploser au stade de France le 13 novembre 2015.   (AFP)

Il pose torse nu, des lunettes de soleil masquant son visage d'adolescent, une main faisant le signe des rappeurs de la West Coast (côte ouest des Etats-Unis). Sur sa photo de couverture Facebook, dont la version archivée a été retrouvée par Les Observateurs de France 24, Bilal Hadfi s'appelle Billy du Hood. Ce jeune Français de 20 ans s'est fait exploser au Stade de France avec deux autres kamikazes, vendredi 13 novembre. 

Muni d’une ceinture d’explosifs contenant des boulons, le jihadiste, né le 22 janvier 1995, a été refoulé à l'entrée du match France-Allemagne car il n’avait pas de billet. Il a actionné sa ceinture aux abords du stade.

Fiché par les services de police belges

Le plus jeune des six terroristes identifiés dans les attaques de Paris et du Stade de France résidait en Belgique. Selon Télé Bruxelles, Bilal Hadfi habitait dans un logement social de Neder-over-Heembeek, dans la capitale, avant de déménager à Forest, en banlieue, en juillet.

Comme le suspect en fuite Salah Abdeslam et son frère Brahim, qui s'est fait exploser boulevard Voltaire à Paris, Bilal Hadfi était fiché par les services de police belges. Selon La Libre Belgique, les trois hommes figuraient sur une liste de l'organe de coordination pour l'analyse de la menace (Ocam), qui compte 800 noms.  

Plusieurs médias belges, dont le quotidien flamand Het Laatste Nieuws, cité par Paris Match, affirment que le jeune homme  aurait séjourné récemment en Syrie. Il se serait radicalisé au printemps 2014. Sur sa page Facebook, Bilal Hadfi aurait lancé un appel en juillet pour mener des attaques contre l’Occident, et était ami avec Abou Isleym Belgiki, connu pour avoir posé, sourire aux lèvres, aux côtés d'un corps décapité. 

Un garçon qui "saluait toujours tout le monde"

Sur sa photo de classe 2009-2010 publiée par Les Observateurs, Bilal Hadfi est assis mains dans les poches, le visage poupin. Il étudie alors au collège néerlandophone San Peter de Jette, près de Bruxelles, en cinquième. Selon un de ses camarades de l'époque, interrogé par Les Observateurs, le garçon, "très petit", "saluait toujours tout le monde". Orphelin de père, il vivait avec sa mère et ses frères et jouait beaucoup aux jeux vidéo, notamment au jeu de rôle Dofus, et pratiquait sérieusement le taekwondo.

Il avait la ceinture rouge et était proche de passer la noire.

Un camarade de classe de Bilal Hadfi

Les Observateurs de France 24

En 2010-2011, Bilal Hadfi part étudier dans un autre établissement. Sara Stacino, qui a enseigné l'histoire pendant plusieurs années à l'Instituut Anneessens Funck, dans le centre-ville de Bruxelles, l'a eu en classe. Son témoignage, au micro de la VRT, est relayé par la RTBF"Il était très intéressé par la politique, plus que les autres élèves. C'était en fait intéressant d'avoir quelqu'un comme ça en classe, on avait des discussions très animées. Mais sa sympathie s'est transformée de plus en plus en idées extrémistes", raconte-t-elle.

"Il défendait les attaques" contre "Charlie Hebdo"

Selon l'enseignante, Bilal Hadfi, fan de rap (Tupac, Lacrim) sur son profil Facebook, n'a petit à petit plus écouté de musique. Celui qui pose en maillot de bain sur le réseau social, cocktail à la main au bord d'une piscine, affirme que sa femme devra se voiler pour ne pas être violée. "Après les attaques de Charlie Hebdo, on a eu un cours très agité lors duquel il a presque monopolisé la parole. ll défendait les attaques, il disait que c'était normal, qu'il fallait que la liberté d'expression s'arrête. Que les insultes à la religion s'arrêtent. Oui, à l'époque, ça m'a vraiment inquiétée et je l'ai à nouveau signalé lors d'un conseil de classe et par écrit à la direction", poursuit Sara Stacino. Selon elle, la direction n'est pas intervenue, pour ne pas stigmatiser l'élève. Aujourd'hui, la professeure se dit très émue par la tournure des évènements. 

Un jeune homme de 20 ans… sa vie aurait pu être tout à fait différente.

Sara Stacino, professeure d'histoire à Bruxelles

VRT

Toujours sur son profil Facebook, Bilal Hadfi avait posté une photo de lui en août 2014, en train de viser quelque chose avec une arme, un enfant en arrière-plan. A un internaute qui se moquait de lui, le jeune homme répondait : "Tu veux une balle entre les yeux ou quoi ?" 

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