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Dans une clinique niçoise qui a reçu des victimes, "beaucoup étaient en état de sidération"

Caroline, une jeune infirmière, a travaillé à la clinique Saint-George dans le cadre du plan blanc déclenché le 14 juillet, après l'attaque au camion à Nice. Elle témoigne pour francetv info. 

Article rédigé par Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Devant l'hôpital Pasteur, à Nice (Alpes-Maritimes), le 16 juillet 2016.  (IRINA KALASHNIKOVA / SPUTNIK / AFP)

Quatre-vingt cinq personnes sont toujours hospitalisées, lundi 18 juillet, quatre jours après l'attentat sur la promenade des Anglais à Nice, qui a fait au moins 84 morts. Vingt-neuf personnes sont toujours en réanimation et le pronostic vital de 18 d'entre elles est toujours engagé. Caroline*, une jeune infirmière de 25 ans, a été mobilisée dans le cadre du plan blanc à la clinique Saint-George dans la nuit du 14 juillet et le week-end qui a suivi. Elle témoigne pour francev info. 

Francetv info : Quel type de blessés avez-vous vu arriver la nuit de l'attaque ?

Caroline : Les blessés les plus graves étaient acheminés vers le CHU. A la clinique Saint-George, le Samu a orienté des personnes dans un état un peu moins critique. Nous avons tout de même pris en charge un patient avec un traumatisme abdominal et un éclatement de la rate. Mais la majorité des blessures étaient des traumatismes orthopédiques, des fractures au niveau des jambes ou des côtes. Certains avaient été heurtés par le camion, d'autres étaient tombés dans la bousculade.

Comment l'équipe soignante a-t-elle été mobilisée ?

J'ai reçu un appel à 23h15 et je suis arrivée tout de suite. J'ai appris sur place ce qu'il s'était passé. Les blessés nous ont été amenés dans un second temps, nous avons donc eu le temps de préparer les salles et les blocs opératoires. 

Dans quel état psychologique étaient les patients ?

J'ai l'impression qu'ils ne réalisaient pas. La plupart étaient très silencieux et racontaient les faits avec beaucoup de détachement. Une jeune fille est arrivée avec huit côtes cassées. Quand on lui a demandé si elle avait mal, elle a répondu :  "Non, je ne crois pas". Les gens étaient tellement choqués qu'ils étaient en mode "pause". Beaucoup étaient prostrés, en état de sidération.

Qu'est-ce qui a été le plus difficile à gérer pour les professionnels ?

De ne pas pouvoir annoncer de bonnes nouvelles à tous les gens qui sont venus dans le week-end pour savoir ce qu'était devenu un proche. Nous n'avons pas gardé beaucoup de personnes hospitalisées, une douzaine. Il y a eu tout de même de "belles histoires", comme cette mère qui s'est jetée sur sa fille de 2 ans et lui a sauvé la vie. Elles sont passées toutes les deux entre les roues du camion. 

L'équipe a-t-elle bénéficié d'un soutien psychologique elle aussi ? 

On s'est surtout soutenu entre nous. On a été très solidaire. Et la psychologue de la clinique peut nous recevoir si besoin. Sur le coup, on est absorbé par notre travail. C'est après que c'est difficile. Je suis en repos depuis aujourd'hui et je réalise maintenant. J'ai pu me rendre à la minute de silence et c'était très impressionnant.  

* Le prénom a été modifié 

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