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Projet d’attentat contre des musulmans : que sait-on des dix personnes arrêtées ?

Les suspects gravitaient autour d'un groupuscule lié à l'ultradroite baptisé "AFO", et dirigé par un ancien policier.

Article rédigé par franceinfo
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Le domicile de Guy S., le policier à la retraite interpellé dans le cadre d'un coup de filet visant des membres de l'ultradroite soupconnés de préparer un attentat, le 25 juin 2018 à Tonnay-Charente (Charente-Maritime).  (XAVIER LEOTY / AFP)

Elles sont soupçonnées d’avoir projeté des actions violentes contre des musulmans. Les dix personnes interpellées dans la nuit du samedi 23 au dimanche 24 juin gravitaient autour d'un mystérieux groupuscule lié à l'ultradroite baptisé "AFO" (Action des forces opérationnelles). Que sait-on des suspects, actuellement en garde à vue ?

Originaires de toute la France

Ces arrestations, menées par les policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), se sont déroulées dans plusieurs départements. Deux suspects ont été interpellés en Corse, un en Charente-Maritime et d’autres en région parisienne et dans la Vienne. 

Un policier à la retraite comme chef

Le chef de file présumé de ce réseau, Guy S., est un retraité de la police nationale âgé de 65 ans. Il a été arrêté chez lui à Tonnay-Charente (Charente-Maritime), a appris franceinfo de sources concordantes. Sa femme fait aussi partie des dix personnes interpellées. Des habitants de la commune ont présenté ce couple comme étant des gens "très courtois" et "sans histoires". 

D'origine corse, Guy S. vend du surplus militaire sur des marchés de la région. C’est lui qui dirigeait l'AFO , qui "avait la volonté d'en faire un groupe plus dur", précise une source proche de l’enquête, citée par l’AFP. Au moins un ordinateur a été saisi pendant son interpellation.

Selon Mediapart, la DGSI compte une cinquantaine de policiers, gendarmes et militaires parmi ses objectifs suivis pour leurs liens avec l’extrême droite violente.

Des suspects entre 30 à 70 ans

Les suspects sont âgés de 32 à 69 ans, indique une source judiciaire à franceinfo. TFI-LCI, qui a révélé le coup de filet, précise que la plupart sont âgés "d’une cinquantaine d’années et [sont] pères de famille". Selon franceinfo, la majorité d’entre eux ne sont pas connus des services de police.

Selon France 2, ils faisaient circuler des écrits en ligne, via un site internet. On y trouve un mémo intitulé "Conduite à tenir face à la police et la justice", estampillé "AFO". Aucun des interpellés n'est actuellement encarté au Rassemblement national (ex-FN), précisent les sources proches de l'enquête à France 2.

Une cellule née de la scission d'un autre groupe

Selon Mediapart, le groupe AFO est issu d’un autre groupuscule, Volontaires pour la France (VPF), dont l’un des membres fondateurs a perdu sa fille au Bataclan. À l’automne 2017, Dominique C. et Guy S., deux recruteurs des VPF, ont créé la structure AFO, afin de mener de réelles opérations clandestines. Comme le policier à la retraite Guy S., Dominique C. fait partie des dix gardés à vue, selon le site d’information.

Un laboratoire clandestin et des armes

Une vingtaine d'armes à feu ont été saisies en marge des interpellations de ce week-end, a appris franceinfo de source proche de l'enquête. Ces armes sont détenues légalement, dans le cadre d'un permis de chasse ou de tirs sportifs, précise cette source. 

Un petit laboratoire clandestin, avec des composants permettant de fabriquer des explosifs, a également été retrouvé au domicile de l'une des dix personnes. Des grenades artisanales ont aussi été saisies lors des perquisitions, précise cette même source. 

Des cibles en lien avec l’islam radical

Ces individus envisageaient un passage à l'acte violent "aux contours mal définis à ce stade", selon des sources proches de l'enquête, mais celles-ci indiquent qu'ils projetaient de s'attaquer à des musulmans et notamment à des individus radicalisés. Ils étaient surveillés depuis plusieurs semaines après avoir commencé à effectuer des repérages autour de mosquées et établi une liste d'imams à cibler. Selon France 2, ils visaient aussi des détenus islamistes sortant de prison et des femmes voilées, choisies au hasard dans la rue.

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