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Situation bloquée à Nantes : Ayrault demande aux ministres concernés de recevoir les associations

L'affaire du père retranché sur une grue à Nantes a pris une tournure politique dimanche. Le Premier ministre a fait savoir dans un communiqué qu'il la suivait avec "la plus grande attention". Jean-Marc Ayrault a également demandé aux ministres de la Justice et de la Famille de recevoir les associations de défense des pères séparés la semaine prochaine.
Article rédigé par Romain Fonsegrives
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Maxppp)

L'ancien maire de Nantes n'est pas resté insensible au feuilleton qui se joue dans sa ville. Dimanche, Jean-Marc Ayrault a officiellement demandé à la ministre de la Justice, Christiane Taubira, et à son homologue déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, de recevoir la semaine prochaine l'association "SOS Papa et d'autres associations de défense des droits des pères ". 

Le Premier ministre suit la situation de Serge Charnay, ce père retranché au sommet d'une grue depuis deux jours, "avec la plus grande attention ", souligne Matignon.

Le père, assiégé par les forces de l'ordre ?

On le croyait en train d'entamer une grève de la faim, il n'en est rien. Serge Charnay a menacé dimanche de porter plainte pour mise en danger de la vie d'autrui, si les forces de l'ordre continuent à empêcher ses proches de le ravitailler.

"Je ne fais pas une grève de la faim et de la soif, je suis assiégé par les forces de l'ordre", indique Serge Charnay dans un communiqué transmis aux journalistes sur place.

Son ami Nicolas Moreno, est remonté au sommet d'une grue voisine avant d'en redescendre quelques minutes plus tard. Nicolas Moreno, reclus lui aussi sur une des grues du chantier naval samedi matin, avait accepté d'en descendre quelques heures plus tard.

Serge Charnay réclame un droit de visite auprès de son fils de six ans. Il campe au sommet de la grue "Titan" des chantiers navals de Nantes depuis deux jours.

La préfecture dément, propose eau et vivres

La préfecture de Loire-Atlantique a démenti les accusations du père retranché. "Nous n'avons reçu aucune demande de la part de M. Charnay concernant de l'eau ou de la nourriture. Samedi, lors d'un contact, il n'a parlé ni d'eau ni de nourriture. Nous ne sommes pas hostiles à lui faire porter de l'eau et des vivres, mais je voudrais qu'il confirme cette demande" , a déclaré Christian Galliard de Lavernée, préfet de région.

Les journalistes présents ont pourtant été témoins de l'échec d'une tentative d'approvisonnement. Un sac de nourriture a été intercepté par deux policiers avant que le père retranché puisse le hisser jusqu'à lui. Les forces de l'ordre, qui ne connaissaient pas le contenu du sac, ont évoqué des raisons de sécurité.

Vers 14 heures, les forces de l'ordre ont finalement rétabli le contact avec Serge Charnay.

"Nous lui avons proposé de lui faire passer eau, nourriture et médicaments. Il nous a répondu qu'il n'avait besoin de rien", a certifié le directeur de cabinet du préfet de Loire-Atlantique.

"Sauver nos enfants de la justice"

Serge Charnay avait promis une "animation " à la mi-journée. L'ancien informaticien de 42 ans est descendu en rappel le long de l'immense grue jaune. Quelques mètres en contrebas de sa cabine, il a peint à un message à la bombe aérosol.

Le tag rouge et bleu exhorte les autorités à "sauver nos enfants de la justice ". Il est assorti d'un coeur. Le père en colère s'est dit prêt à rester en altitude tant que ses revendications ne seront pas satisfaites.

Serge Charnay n'a pas le droit de visite sur son fils, à cause d'une condamnation pour soustraction d'enfant. Père et fils avaient passé des vacances en Ardèche pendant un mois, il y a quelques années. Un épisode qui avait déplu à la justice.

L'action coup de poing fait des émules

L'audace spectaculaire de Serge Charnay semble vouée à un succès inattendu. Dimanche, d'autres pères désespérés ont mené des actions similaires, probablement inspirées par l'épisode nantais.

A Strasbourg, un homme d'une trentaine d'années s'est isolé pendant deux heures dimanche matin en haut d'une grue. Sans contact avec son fils depuis trois ans, le père est finalement redescendu de lui-même à la mi-journée.

A Saintes en Charente-Maritimes, un papa de 41 ans est monté sur le toit de son immeuble cette nuit. Mécontent du jugement relatif à la garde de son enfant, il a menacé de sauter dans le vide, avant de redescendre au bout d'une heure.

 

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