Sabotages SNCF : le groupe de Tarnac sort de l'ombre
Dix personnes en garde à vue, et ce n'est sans doute qu'un début. Ce matin encore, un TER Caen-Tours a percuté un bloc de béton sur la voie dans l'Orne, près d'Alençon. Bilan, une heure de retard et une nouvelle plainte déposée par la SNCF.
Toutefois, les enquêteurs chargés du dossier des sabotages sur les voies ferrées font bien la différence entre la pose de fers à béton sur les caténaires, et la dépose de plaques de béton sur les voies. La première nécessite une technicité et une organisation bien supérieure à la seconde, qui relèverait à première vue du vandalisme. Les deux affaires sont dissociées.
Celle des fers à béton suit donc son cours, centrée autour des 10 individus en garde à vue, issues de la mouvance ultra-gauche. Un groupe donc le leader était basé dans le village de Tarnac, en Corrèze. Et ce matin, pour France Info, les enquêteurs ont bien voulu révéler certains détails qui permettent de mieux cerner le “groupe de Tarnac”.
Première information, les gardés à vue ne sont pas trois femmes et sept hommes, mais six femmes et quatre hommes. Ils sont jeunes (23 à 34 ans). Ils viennent de milieux plutôt aisés, sont étudiants ou l'étaient il y a peu de temps, mais ne travaillent pas. Le meilleur exemple est sans doute Julien, présenté comme le fameux leader du groupe. Fils de médecin, il vit des subsides de ses parents. Dans le groupe figure sa petite amie et son ex-petite amie.
L'enquête devra déterminer le niveau d'implication de chacun, et surtout, le degré de connaissances qu'ils détenaient pour poser les fers à béton sur le caténaires, un geste assez complexe. Malgré la documentation et le matériel retrouvé lors des perquisitions, certains enquêteurs estiment qu'ils n'étaient pas assez compétents pour agir seuls. Une hypothèse qui ouvre la voie à d'éventuelles complicités à l'intérieur de la SNCF. Le soulagement affiché par la direction et les syndicats de l'entreprise pourrait donc être de courte durée. Lors des dernières grèves, des tracts ont circulé, invitant les cheminots à des actes de sabotage pour empêcher la reprise du travail. Des tracts issus de cheminots radicaux, qui partagent les idées du groupe de Tarnac.
Franck Cognard, Grégoire Lecalot
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