Renault jugé pour "faute inexcusable" après un suicide : témoignage exclusif
Bien avant France Telecom, une autre entreprise avait, elle aussi, connu une vague de suicides. C’était Renault, en 2006. En quelques mois, plusieurs ingénieurs du Technocentre de Guyencourt (Yvelines) avaient mis fin à leurs jours.
Parmi eux, Antonio, qui a sauté de la fenêtre de son bureau situé au 5e étage, le 20 octobre 2006.
Sa veuve, Sylvie, a déjà réussi à faire reconnaître ce suicide comme un accident du travail. Et aujourd’hui, elle va plus loin. Devant le tribunal des Affaires de Sécurité sociale de Nanterre, elle attaque Renault pour "faute inexcusable". Sylvie se défend de chercher à se venger d’un supérieur qui aurait harcelé son mari pendant des années, elle affirme qu’elle veut "faire condamner un système".
Car sans cette organisation du travail, "mon mari serait encore en vie aujourd’hui", affirme Sylvie. Qui gardera à jamais le souvenir d’un homme amaigri, répétant sans cesse qu’il est "nul", alors qu’il travaillait nuit et jour pour atteindre les objectifs fixés par sa supérieure.
_ "C’est Renault qui est responsable de la souffrance de mon mari au travail", affirme Sylvie. "Et c’est cette souffrance qui a engendré sa mort. Et mon fils doit savoir que son père n’était pas fou, mais qu’il s’est fait broyer par une entreprise qui s’appelle Renault", poursuit Sylvie.
Pour bien montrer qu’elle se bat sur les symboles, Sylvie demandera cet après-midi au tribunal un euro de dommages-et-intérêts. En revanche, si Renault est condamné, c’est l’entreprise qui devra désormais verser une rente mensuelle à la veuve et à son fils, et non plus l’assurance maladie.
Jean-Baptiste Urbain, Gilles Halais
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