Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : les enseignants et les élèves dans un état de "sidération" face à ce "drame absolu", selon le secrétaire général de l'Enseignement catholique
"Aujourd'hui c'est le temps du deuil", a déclaré ce jeudi sur franceinfo Philippe Delorme, secrétaire général de l'Enseignement catholique, après la mort d'une enseignante à Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), poignardée par un élève du lycée privé Saint-Thomas d'Aquin.
>> Enseignante tuée à Saint-Jean-de-Luz : suivez notre direct
Philippe Delorme s'est rendu mercredi au lycée Saint-Thomas d'Aquin, en compagnie du ministre de l'Education, Pap Ndiaye. Les élèves qu'il a pu rencontrer ne "réalisaient peut-être pas encore complètement ce qui s'était passé", dit-il. Ils se trouvaient dans un état de "sidération" face à ce "drame absolu" et ce "choc terrible".
franceinfo : Quel sentiment domine ce matin chez vous ?
Philippe Delorme : C'est un drame absolu. C'est évidemment une grande tristesse pour cette enseignante qui est arrivée hier matin tranquillement pour assurer ses cours, comme elle le fait depuis des années, et qui ne reviendra pas chez elle parce qu'elle a été assassinée. C'est évidemment pour sa famille d'abord, pour la communauté éducative, les élèves, les enseignants, le personnel, les bénévoles, un choc terrible.
Dans quel état psychologique est le personnel du Lycée ?
J'ai accompagné le ministre de l'Éducation Pap Ndiaye dans ce déplacement. J'ai pu échanger notamment avec le chef d'établissement et avec les enseignants et quelques élèves. Ils étaient dans une sidération parce que Saint-Thomas d'Aquin est un collège et un lycée où il fait bon vivre, où il n'y a pas de souci particulier. C'est donc évidemment inattendu. Mais c'est toujours inattendu, ce genre de situation.
Avez-vous pu échanger avec des élèves ?
Oui, avec deux ou trois élèves qui étaient pris en charge d'une façon absolument remarquable par des pompiers, le Samu, une équipe de psychologues animés par un psychiatre. Il y a eu un travail remarquable des services de l'État pour accompagner ces jeunes et les équipes. On sentait qu'ils ne réalisaient peut-être pas encore complètement ce qui s'était passé. C'est dès aujourd'hui qu'ils vont prendre petit à petit conscience, qu'ils vont réaliser toute l'horreur de ce drame.
Eric Ciotti a réagi en évoquant "l’ensauvagement de la société". Qu'est-ce que cela vous inspire ?
Je pense qu'il y a un temps pour tout et qu'aujourd'hui, c'est le temps du deuil. C'est le temps d'accompagner les équipes. C'est le temps de permettre à la communauté éducative de reprendre le chemin de l'école. C'est le temps pour la famille de vivre ce deuil. Ce n'est pas le temps de la polémique. En tous les cas, moi, je ne peux pas. Je ne veux pas, aujourd'hui déjà, tirer des conclusions de cette affaire-là. Bien entendu, quand l'enquête aura abouti, lorsque nous aurons des éléments factuels, il faudra s'interroger sur la façon dont on peut éviter ce genre de drame.
Remarquez-vous une violence plus importante dans vos collèges et lycées privés ?
On ne peut pas dire que ça soit explosif. On attribue ça peut-être aux conséquences de la période Covid et du confinement. Nous avons des adolescents qui ont sans doute été plus marqués que nous l'imaginons par cette période où ils se sont sentis vraiment enfermés. Il faut vraiment qu'on prenne ça en compte. Au niveau de l'enseignement catholique, nous avons été très attentifs et nous demeurons très attentifs parce que c'est aussi au cœur de notre projet spécifique, au cœur de notre caractère propre, d'accompagner les élèves et de veiller à prendre en compte toutes leurs dimensions. Quand on accueille un élève chez nous, ce n'est pas simplement l'élève, c'est d'abord un jeune avec son histoire, ses joies, ses peines, ses difficultés et avec l'idée de pouvoir les aider à grandir dans tout ce qui fait l'homme et la femme.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.