Violences policières : des images révèlent une arrestation irrégulière et des tirs sans sommation à l'encontre de six jeunes à Paris
Les faits, dévoilés par Mediapart, datent de la nuit du 30 avril au 1er mai 2019. Six jeunes, âgés de 16 à 22 ans, ont été interpellés pour une suspicion de vol de sac à main. Mais l'intervention ne s'est pas déroulée dans les règles.
"A 2 heures du matin, dans le bois de Boulogne à Paris, arrêtée à un feu rouge, leur voiture est soudainement bloquée par trois véhicules." Plusieurs hommes armés "en sortent, les mettent en joue et l'un d’entre eux tire à deux reprises, visant notamment la tête de Paul". La scène s'est déroulée dans la nuit du 30 avril au 1er mai 2019, mais elle a été révélée par Mediapart (article pour les abonnés) dimanche 29 novembre. Le site d'information rapporte que des policiers de la brigade anticriminalité (BAC) ont interpellé violemment six adolescents et jeunes adultes (dont Paul, 22 ans) qui circulaient dans une voiture aux abords du bois de Boulogne, à Paris.
Les images de ces violences policières n'ont pas circulé sur les réseaux sociaux ou dans les médias, car elles proviennent des caméras de vidéosurveillance. Paul a pu les consulter en juin, plus d'un an après les faits et "après de nombreuses demandes" de son avocat, Raphaël Kempf, auprès du parquet de Paris, précise Mediapart. Le site d'information a pu les récupérer et a publié la vidéo de l'interpellation dans son article.
Ni brassard ni gyrophare
Pourquoi ces trois équipages de la BAC ont-ils décidé de stopper la voiture et d'interpeller les individus qui se trouvaient à l'intérieur ? Ils venaient d'entendre un "appel de police secours indiquant un vol de sac à main", selon Mediapart, qui a eu accès aux procès-verbaux rédigés la nuit des faits par ces policiers. Des sources policières contactées par France Télévisions confirment l'intervention pour une suspicion de vol de sac à main. "Leurs auditions dans le cadre de l’enquête ouverte pour vol, que Mediapart a pu consulter, révèlent une multitude d’infractions commises par ces agents", poursuit le média en ligne. L'intervention ne s'est pas déroulée dans les règles : pas de brassard, pas de gyrophare, pas de sommation, reconnaissent ces mêmes sources policières auprès de France Télévisions.
Après cette interpellation, les six jeunes hommes ont été placés en garde à vue mais ont été relâchés rapidement sans aucune poursuite, indique Mediapart. A l'exception de Paul, mis en cause pour "violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique, avec arme par destination sans incapacité totale de travail" . Je ne sais pas si la couleur de ma peau a eu une incidence", se demande-t-il auprès de Mediapart. Le parquet de Paris a maintenu les poursuites contre le jeune homme, qui a finalement été relaxé à l'issue de sa comparution, le 4 novembre, plus de 18 mois après les faits, précise le journal en ligne.
Une décision contre les policiers en attente
De son côté, Paul, traumatisé et qui a eu une incapacité totale de travail (ITT) de 40 jours, a aussi porté plainte, contre le policier qui lui a tiré dessus en le visant. Mais la procédure est plus longue. L'Inspection générale de la police nationale (IGPN) vient de terminer son enquête ouverte en mai 2019 pour "violences par personne dépositaire de l'autorité publique", précise Mediapart. Une décision doit bientôt être prise et formalisée.
Le policier en question "continue de se balader avec son arme", déplore Paul. La préfecture de police de Paris n'a pris aucune mesure à l'encontre de ces policiers. Contactée par franceinfo, l'autorité justifie ainsi sa décision et dicte sa réponse au mot près : "Compte tenu de la complexité juridique de cette affaire, l'autorité administrative est restée en attente de la décision sur le fond rendue par l'autorité judiciaire. Cette décision devant ainsi permettre d’éclairer les faits et de verser à l'enquête administrative les éléments susceptibles d'établir d’éventuels manquements déontologiques commis par les policiers intervenants." Il revient désormais au parquet de Paris de décider de les poursuivre ou pas. "L'orientation pénale est en cours", affirme une source judiciaire à franceinfo.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.