Violences policières à Marseille : "Les policiers ne veulent pas être au-dessus des lois", assure le syndicat SGP Police FO
"Les policiers ne veulent pas être au-dessus des lois", assure le 24 juillet sur franceinfo Jean-Christophe Couvy, secrétaire national SGP Police FO qui appelle les policiers à se mettre en "code 562" après la mise en détention provisoire d'un policier de la BAC à Marseille, soupçonné de violences commises en marge des émeutes début juillet. Le "code 562" est dans le jargon des policiers une façon de n'assumer que les missions d'urgence et essentielles.
Les policiers ont reçu un soutien de poids, celui du directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux. "Je considère qu'avant un éventuel procès, un policier n'a pas sa place en prison", a-t-il déclaré dimanche dans Le Parisien. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a dit "partager" ces propos. "Ce n'est pas parce que nos chefs ont cette reconnaissance que les choses vont avancer", a réagi le syndicaliste. Ce qu'on veut, c'est que notre collègue soit libéré", a-t-il réaffirmé. Trois autres fonctionnaires des BAC Sud et centre de Marseille ont été mis en examen pour violences en réunion par personne dépositaire de l'autorité publique.
franceinfo : Vous attendiez ce soutien de votre hiérarchie ?
Jean-Christophe Couvy : Notre patron est un flic. Avant d'être un préfet, c'est aussi un policier, donc il sait ce que c'est que de porter l'uniforme, de faire des interpellations, d'être montré du doigt et d'être en première ligne. On attendait cette reconnaissance-là. Maintenant, ce n'est pas parce qu'effectivement nos chefs ont cette reconnaissance que les choses vont avancer.
Ce qu'on veut, c'est vraiment que les choses avancent, que notre collègue soit libéré parce qu'encore une fois, si on veut un procès équitable et pouvoir se défendre, ce collègue n'a rien à faire en détention provisoire. Il suffit d'ouvrir un petit peu les pages des journaux pour voir qu'il y a des gens multirécidivistes ou des gens beaucoup plus dangereux pour la société qui devraient être en détention provisoire.
"Je suis désolé, un policier qui est en service, on peut lui reprocher des choses, mais il a quand même le droit d'être avec sa femme et ses enfants et il se présentera le jour J devant la juridiction et devant les magistrats."
Jean-Christophe Couvy, secrétaire national SGP Police FOà franceinfo
Pour Olivier Faure, le premier secrétaire du Parti socialiste, déclare "c'est gravissime, toute la hiérarchie policière se place au-dessus de la justice et des règles de la détention provisoire". Il faut comprendre que les policiers seraient au-dessus des lois ?
Pas du tout ! Les policiers ne veulent pas être au-dessus des lois. C'est juste qu'on fait un métier très compliqué, avec une violence dans la société qui est exacerbée. On ne comprend pas que dès lors qu'un policier est incriminé tout de suite, il y ait un tribunal médiatique et politique qui s'acharne sur lui. Dès qu'il y a de soupçons de fautes, les policiers sont jetés aux chiens et ça, c'est impossible. En revanche, venant de la Nupes, ça me fait bien rigoler. Quand M. Mélenchon dit que la seule l'action révolutionnaire et subversive permettrait de lutter pour le climat qui est subversif ? Les policiers pour l'instant n'ont rien cassé.
Nous, on est dans la dignité. On a un métier très compliqué. On perd une partie de notre âme dans ce métier. On est rappelé sur nos congés, on a le record de divorces, on a le record de suicides, on est toujours pointé du doigt et en fait, à la fin dès qu'il y a un soupçon d'erreurs tout de suite, on est jetés aux chiens et tout de suite mis en détention provisoire. C'est ça qui est insupportable et c'est toute une profession qui est en colère. On parle des policiers nationaux, mais je peux vous dire que la grogne chez les gendarmes et les policiers municipaux est bien présente aussi.
Trouvez-vous normal que des membres des forces de l'ordre fassent une haie d'honneur, applaudissent les quatre policiers mis en examen à Marseille ?
Il ne faut pas tout confondre. Ce n'est pas une haie d'honneur. C'était justement à un moment de soutien. Quand vous êtes en détention provisoire ou que vous passez devant un juge, vous êtes tout seul. Une partie de la hiérarchie ne vous couvre plus. Votre administration qui devrait être avec vous parce que pour l'instant, vous êtes présumé innocent, vous lâche. Vous vous sentez bien seul. Les policiers sont juste là en soutien. Ce n'est pas une question de dire, il a bien fait ou il n'a pas bien fait. C'est juste une question de dire, on est là et tu n'es pas abandonné.
"On a un métier qui est très compliqué, on a une délinquance qui est très agressive et en fait, on a l'impression, d'être une citadelle assiégée que personne ne comprend et donc du coup, on se serre les coudes."
Jean-Christophe Couvy, secrétaire national SGP Police FOà franceinfo
Vous appelez les policiers à se mettre en "code 562", c'est-à-dire à ne plus prendre d'initiative, à assumer uniquement les missions d'urgence. Est-ce que cet appel est suivi aujourd'hui ?
Cet appel est suivi effectivement. Ça part de Marseille parce que la grogne est partie de là, c'est là où notre collègue a été mis en détention provisoire. C'est une façon aussi de dire aux citoyens : "Regardez, on va quand même au travail. Mais n'empêche, ne comptez pas sur nous pour les initiatives". On ne fera pas de contrôles d'identité parce que quand on fait des contrôles d'identité, on nous accuse de faire du contrôle au faciès. On ne fera pas de contrôles routiers parce que quand on fait des contrôles routiers, on a des refus d'obtempérer, on risque nos vies et à la fin, le soir, on est peut-être mis en détention provisoire et on voit plus nos familles. C'est aussi une façon de dire, on est au travail, on se déplacera si on nous appelle, parce que c'est quand même notre métier et on ne laissera jamais nos citoyens dans la panade. Mais en revanche, ne comptez pas sur nous pour faire la politique du chiffre. Il n'y aura pas de chiffres et pas d'initiatives.
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