: Vidéo Quand une intervention de la police municipale tourne au drame, à Béziers
Le 2 décembre 2021, "Complément d’enquête" se penche sur la police municipale, certains aspects pervers de son fonctionnement et ses dérives dans plusieurs villes. A Béziers, où le maire proche du RN a gonflé les effectifs et armé les agents, la délinquance aurait baissé de 10%, selon les chiffres de la préfecture de l'Hérault. Mais à quel prix ? Cet extrait revient sur une intervention musclée qui a tourné au drame, en avril 2020.
A Béziers, de nombreux habitants d’un quartier populaire de la ville se plaignent de la brigade de nuit de la police municipale. Même en interne, le Groupe de surveillance et d'intervention (GSI) a une réputation sulfureuse. Sous couvert d'anonymat, un policier municipal bitterrois affirme qu'"il y a du racisme", sans réaction de la hiérarchie : "Ils laissent faire. Certains propos, ça les gêne pas plus que ça." Leurs interventions sont quotidiennes. Cet extrait revient sur l'une d'elles, qui a tourné au drame il y a un an et demi.
"C'était connu que par rapport aux autres équipes, c'était des personnes qui étaient plus dans la répression que dans la prévention, (...) des personnes qui agissent sous une forme d'impunité, qui sont protégées.
Un policier municipal de Béziersà "Complément d'enquête"
Le soir du 8 avril 2020, en plein confinement, le quartier est désert. Selon un riverain, qui témoigne pour la première fois, "il y avait un gars qui descendait la rue", invectivant verbalement les policiers, mais sans réelle agressivité selon lui. Mohamed Gabsi, visible sur les images des caméras de surveillance de la ville à 22h13, avait été diagnostiqué schizophrène et, selon sa sœur, ses problèmes psychiatriques s'étaient aggravés. "Arrivé à ce niveau-là, il y a des policiers qui l'ont attrapé, ils l'ont pris d'emblée, ils l'ont plaqué au sol, comme ça sur le ventre." Un procédé "assez brutal", selon le témoin.
Que s'est-il passé dans la voiture de police ?
D'autres habitants du quartier ont vu et filmé une partie de la suite. Leurs vidéos montrent Mohamed Gabsi paniqué, appelant à l'aide sa sœur Houda. Elles montrent aussi les secousses qui font trembler la voiture de police quand il est jeté à l'intérieur : les policiers ont décidé de l'embarquer après avoir trouvé 2 grammes de cocaïne sur lui. Deux témoins affirment l'avoir vu allongé sur le ventre dans l'habitacle, un policier du GSI à genoux sur son dos. A 22h18, Mohamed Gabsi fait savoir qu'il est en détresse.
Ensuite, que s'est-il passé dans la voiture ? Le commissariat ne se trouve qu'à 200 mètres, mais les policiers vont mettre dix minutes pour l'atteindre. A l'arrivée, Mohamed est inconscient. A 22h32, sur les dernières images captées par une caméra de surveillance, il est porté par les policiers municipaux. Il est alors probablement déjà mort. Le rapport d'autopsie envisage un "syndrome asphyxique dû à une compression cervicale", mais aussi l'effet de produits stupéfiants ou des troubles cardiaques, et ne permet pas de tirer de conclusions. A la suite de ce décès, trois policiers municipaux du GSI ont été mis en examen.
Extrait de "Police municipale : les nouveaux mercenaires", un document à voir dans "Complément d'enquête" le 2 décembre 2021.
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