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"Si on ne dit rien, comme aux États-Unis, les Noirs se feront tirer dessus" : la peur des mères de famille s'exprime à Nantes

À Nantes, des habitants du quartier du Breil, où un jeune homme a été tué par un tir policier, ont dit leur colère et leurs craintes, jeudi, à l'occasion d'une marche blanche.    

Article rédigé par Sandrine Etoa-Andegue
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un tag en hommage au jeune tué à Nantes, quartier du Breil, par un tir policier le 3 juillet 2018. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Des violences ont éclaté pour la troisième nuit consécutive dans plusieurs secteurs de Nantes, alors que le calme était à peu près revenu au Breil, où un jeune homme a été tué par un tir policier, mardi 3 juillet, lors d'un contrôle. Dans ce quartier, la marche blanche, organisée jeudi, a libéré la colère d'habitants, qui ne se satisfont pas de la seule garde à vue de l'auteur du tir

Une marche blanche, quartier du Breil, en hommage au jeune tué par un tir policier, le 3 juillet 2018. (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

La marche, en hommage au jeune homme qui venait souvent rendre visite à sa famille habitant le Breil, a démontré que de nombreux habitants sont toujours sous le choc du drame. Le cortège est parti dans le silence depuis le lieu où la voiture contrôlée a fini sa course. C'est un muret abîmé en raison de l’impact où un mémorial a été improvisé, à la mémoire de celui qui était surnommé "Le loup". 

Un mémorial improvisé, quartier du Breil à Nantes, en hommage au jeune de 22 ans tué par un tir policier le 3 juillet 2018.  (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

À l’arrivée de la marche, des poings se sont levés, la foule a crié pour demander la "vérité pour Abou". Des applaudissements se sont mêlés aux sanglots de jeunes gens, de mères de famille. "Peut-on faire confiance à la justice ?", s'interrogent certains participants, en commentant le placement en garde à vue du fonctionnaire de police qui a tiré sur le jeune homme. Léo et Camille, qui viennent de réaliser un tag demandant "Justice pour Aboubakar", espèrent que cette fois, "il va se passer quelque chose", que le policier "sera sanctionné". D'autres graffitis ou affiches, dans le quartier, mettent en cause plus directement les forces de l'ordre et l'État. 

Une affiche quartier du Breil, à Nantes, où un jeune de 22 ans a été tué par un tir policier le 3 juillet 2018.  (SANDRINE ETOA-ANDEGUE / RADIO FRANCE)

Camille rappelle des affaires du passé. "La justice ne fera rien, elle n’a jamais rien fait, regardez Adama Traoré, Zyed et Bouna, les policiers n’ont rien eu", lance-t-il. 

"Si on ne dit rien, on va terminer comme aux États-Unis, les Noirs se feront tirer dessus", explose une mère de famille, qui précise ne pas cautionner les violences, mais comprendre que les jeunes se soient révoltés. "Imaginez, vous voyez votre copain, votre frère, par terre, qu’on essaie de réanimer", dit-elle. Pour cette maman, il n'est pas étonnant que "les enfants déchirent leur tee-shirt et mordent les murs"

Après trois nuits de violences, la plupart des habitants du quartier du Breil, un secteur populaire et familial, espèrent un retour à la normale.

Une émotion toujours très forte dans le quartier du Breil, trois jours après la mort d'un jeune de 22 ans - un reportage de Sandrine Etoa-Andègue
  

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