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Hommage au policier tué à Avignon : "Le risque pour un policier d'être tué est deux fois inférieur à ce qu'il était il y a trente ans", explique un chercheur du CNRS

Un hommage doit être rendu ce dimanche au policier tué à Avignon lors d'une opération anti-drogue. Le président de la République affirme que la violence enfle dans notre société ce que réfute Sébastian Roché, directeur de recherches au CNRS.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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La police sécurise le site où un policier a été tué lors d'une opération anti-drogue à Avignon le 5 mai 2021. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

Les syndicats de police appellent à se rassembler silencieusement devant le commissariat d'Éric Masson, dimanche 9 mai dans l'après-midi à Avignon. Ce policier a été tué il y a cinq jours en contrôlant un point de trafic de drogue. Samedi, Emmanuel Macron a tenu un discours à Porto en marge du sommet social européen expliquant que la violence enfle en France. Ce n'est pas ce que montrent les chiffres, estime ce dimanche sur franceinfo Sébastian Roché, directeur de recherches au CNRS, spécialiste des questions policières et de sécurité.

"La France et l'Europe sont la région du monde dans laquelle il y a le moins de violences physiques, analyse Sébastian Roché. C'est curieux que le Président puisse se tromper de façon aussi manifeste. Les homicides, qui sont la grande variable qui permettent de suivre la violence, sont en déclin. Même les vols violents sont en déclin.

"Il n'y a pas d'augmentation des coups et blessures en France depuis une dizaine d'années. On n'a pas du tout connu, contrairement aux Etats-Unis, l'explosion des homicides avec la période de la crise liée au coronavirus."

Sébastian Roché

à franceinfo

"C'est également vrai pour les homicides qui touchent les policiers. Les policiers sont beaucoup moins victimes d'homicides qu'il y a vingt ans, et encore beaucoup moins qu'il y a trente ans, à peu près deux fois moins", assure le chercheur.

"C'est une stratégie de cliver sur les questions de sécurité, comme l'avait fait Jacques Chirac au 14 juillet 2001. Dans la campagne qui avait suivi et la politique de Nicolas Sarkozy après la réélection de Jacques Chirac, il y avait eu cette volonté de cliver et de faire de la question de sécurité un moment d'affrontement électoral. On retrouve ça chez Emmanuel Macron. On retrouve aussi l'idée que la bonne solution aux problèmes de violences c'est la prison, c'est aussi une erreur", explique Sébastian Roché.

"Lorsque vous avez des évènements rares qui se succèdent, cela provoque énormément d'émotion. Si vous avez deux policiers qui sont assassinés dans une période de temps proche, ça provoque beaucoup d'émotion, même si le risque pour un policier d'être tué est deux fois inférieur à ce qu'il était il y a trente ans", conclut-il.

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