"Bravo patron !" : des agents de la police judiciaire de Marseille rendent hommage à leur directeur après son limogeage "brutal et injuste"
Eric Arella a été démis de ses fonctions après une manifestation de ses hommes contre la réforme de la police. Une décision dénoncée par les agents et les syndicats.
C'est une décision qui a du mal à passer. Les agents de la police judiciare de Marseille se sont réunis, vendredi 7 septembre, pour contester le limogeage de leur patron, Eric Arella, directeur zonal sud de la police judiciaire. Cette décision a été prise après la manifestation de 200 officiers de police judiciaire jeudi 6 octobre à Marseille. Ils ont reçu le directeur général de la police nationale (DGPN), Frédéric Veaux, bras croisés, masque noir sur le visage, pour dénoncer la réforme de la police voulue par le ministère de l'Intérieur.
Une mobilisation qui n'est visiblement pas passée, la DGPN a dénoncé la "déloyauté inacceptable du directeur régional", tout en pointant "de mauvais résultats à Marseille." "Monsieur Arella a dédié sa vie à la police judiciaire, c'est quelqu'un qui a toujours été proche de ses hommes", explique de son côté Thomas, chef de groupe à l'office anti-stupéfiant, et présent ce vendredi pour rendre hommage à son ancien chef. Comme lui, des dizaines d'agents l'applaudissent dans une haie d'honneur, des "bravo patron !" sont envoyés dans l'air, au passage de la voiture d'Eric Arella.
"Jamais, au grand jamais, je n'aurais pensé vivre des événements comme ça. Tout le monde met en garde contre la dangerosité pour l'État français de cette réforme."
Thomas, chef de groupe à l'office anti-stupéfiant de Marseilleà franceinfo
Comme Thomas, de nombreux agents sont venus saluer le départ d'Eric Arella, très apprécié par ses équipes. Les syndicats de police, eux aussi, ont réagi. "C'est une décision brutale et injuste", pour le syndicat des commissaires. Du côté de la justice, l'association des magistrats instructeurs alerte sur une "décision inquiétante et significative d'un mode de gestion autoritariste".
Une situation tendue jusqu'au plus haut niveau
Au cœur des crispations, il y a la réforme de la police, annoncée par le ministère de l'Intérieur et attendue pour le début d'année prochaine. Ce projet prévoit de placer tous les services de police d'un département - renseignement, sécurité publique, police aux frontières et police judiciaire - sous l'autorité d'un seul Directeur départemental de la police nationale (DDPN), dépendant du préfet. Les agents craignent de voir leur savoir-faire disparaître.
Thomas ne s'inquiète pas pour son "avenir personnel" mais pour "la sauvegarde des missions" de la police judiciaire et "l'avenir de notre pays". "La mission de la police judiciaire, c'est de protéger la France de la criminalité organisée et des mafias, poursuit-il. Cette réforme profiterait non seulement au narco-banditisme, mais aussi à la grande délinquance financière, à la criminalité organisée qui fait du braquage de banque. Plus personne n'aura le temps de s'intéresser à eux. Nous serons tous mobilisés sur la petite et moyenne délinquance. Or, la criminalité de haut vol, ça ne se traite pas à mi-temps."
D'autres rassemblements ont aussi eu lieu ailleurs en France pour s'opposer au limogeage d'Eric Arella et à cette réforme. La situation est tellement tendue que le patron de la police judiciaire au niveau national a même envisagé de démissionner. Une démission que la direction de la police a dû formellement démentir.
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