Le premier officier de police suspendu et désarmé pour des suspicions de radicalisation est réintégré, il va contester sa suspension devant le Conseil d'Etat
C'est une information de France Inter. Cet officier est réintégré dans la police judiciaire parisienne, mais à un autre poste.
Le premier policier à avoir été suspendu et désarmé en octobre dernier, au lendemain de l'attentat à la préfecture de police de Paris pour des suspicions de radicalisation, est réintégré à compter du vendredi 28 février dans les rangs de la police judiciaire parisienne, révèle France Inter. Affecté dans un nouveau service, il va contester sa suspension devant le Conseil d'Etat et a porté plainte pour discrimination auprès de la police des polices.
Cet officier de police, le capitaine Hervé C., musulman converti, était en charge de la recherche de fugitifs et avait accès aux fichiers antiterroristes. Dans sa nouvelle affectation, à partir du lundi 2 mars, il sera en charge de la fraude fiscale.
Réintégration automatique
Ce capitaine de police reprend le travail car une suspension administrative ne peut dépasser quatre mois sans éléments justifiant une prolongation. L'enquête sur ce policier a conclu qu'il n'y avait rien à lui reprocher, et qu'il n'avait rien à voir avec Mickaël Harpon, l'assaillant de la préfecture de police de Paris.
Selon les informations de France Inter, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, était pourtant au courant depuis le mois de novembre que l'enquête avait écarté tout risque de radicalisation chez ce capitaine musulman converti. Mais le préfet n'a pas souhaité le réintégrer et le réarmer, dans l'attente d'une autre enquête administrative portant sur une possible atteinte à la laïcité, dont les résultats sont attendus d'ici deux semaines.
Des prières sur son lieu de travail ?
Les enquêteurs de l'inspection générale de la police nationale (IGPN) disposent d'un témoignage, sur procès-verbal, d'une fonctionnaire qui affirme avoir déjà vu le capitaine prier dans son bureau alors que sept autres collègues - des hommes et des femmes - ont eux témoigné ne l'avoir jamais vu prier au bureau ces dernières années, a appris France Inter de source proche de l'enquête. Le capitaine Hervé C. a simplement reconnu avoir prié discrètement en 2012 au sous-sol, dans un local utilisé par les femmes de ménage.
Ce policier va d'ailleurs contester sa suspension et son désarmement devant le Conseil d'Etat. Il veut aussi savoir qui sont celles et ceux qui l'ont dénoncé. Son avocat, Anass Khafif, explique que son client ne compte pas en rester là, sans réagir face à "ces courageux anonymes, ces délateurs de l'ombre". Il ne se voit pas reprendre son travail et ne rien dire. Il veut notamment comprendre pourquoi des collègues qui l'avaient déjà critiqué pour sa pratique religieuse en 2012 ont pu penser qu'il pouvait être désormais un terroriste en puissance."
Une plainte pour discrimination
"Hervé C. déplore profondément que des fonctionnaires qui sont là pour servir l'intérêt des Français, ne sachent pas eux-mêmes déceler ce qu'est un phénomène de radicalisation. On mêle des fonctionnaires intègres à ceux qui ont commis l'irréparable", estime maître Anass Khafif, l'avocat du capitaine de police Hervé C.
Hervé C. a donc porté plainte pour discrimination auprès de la police des polices et saisi le Défenseur des droits, en attendant une éventuelle plainte au pénal en fonction des résultats des enquêtes en cours. Après l'attentat de la préfecture de police de Paris, quatre policiers avaient été suspendus et neuf autres désarmés pour des soupçons de radicalisation.
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