Cet article date de plus de huit ans.

Nice : huit mois de prison ferme pour avoir frappé une serveuse qui servait de l'alcool pendant le ramadan

Les faits remontent au 6 juin, premier jour du mois du ramadan. La serveuse avait été violemment giflée parce qu'elle servait de l'alcool.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une vue de la promenade des Anglais, à Nice, le 29 juillet 2012. (AMANDA HALL / ROBERT HARDING HERITAGE / AFP)

Un Tunisien en situation irrégulière, qui avait violemment giflé la serveuse d'un bar de Nice parce qu'elle avait servi de l'alcool pendant le ramadan, a été condamné mercredi 15 juin à huit mois de prison ferme. Il a été écroué. Le tribunal correctionnel de Nice a assorti sa peine d'une interdiction de territoire pendant trois ans et l'a condamné à verser 1 000 euros à la victime.

Dans le box, Ali E., 32 ans, crâne rasé sur les côtés et vêtements de sport, jugé en comparution immédiate, a essuyé une larme qui n'a pas ému la procureure de la République. Celle-ci avait requis deux ans de prison ferme et une interdiction du territoire de trois ans. "Dans cette période très particulière, on l'a entendu réitérer des propos inadmissibles !" a-t-elle fustigé.

Dans la salle du tribunal, la plaignante, une serveuse d'origine tunisienne, accompagnée par son patron, ne s'est pas démontée en racontant la scène du 6 juin dernier. "[Ali E.] m'a demandé pourquoi je servais de l'alcool pendant le ramadan. Je lui ai répondu : 'Je fais mon travail'", a-t-elle expliqué. Des propos confirmés par le prévenu.

Sur les images vidéo enregistrées par l'établissement, on voit deux individus discuter avec la serveuse. Ali la pointe du doigt au niveau de son visage, puis les deux hommes s'éloignent, décrit le président du tribunal. Ali revient seul et lui inflige immédiatement "une grosse gifle" au niveau de la pommette, poursuit le président. Le coup, qui ressemble à un véritable coup de poing, projette violemment la femme à terre. La serveuse s'en est sortie avec un hématome important à l'arcade sourcilière. 

"Le mobile est culturel"

"Aux policiers, vous avez dit : 'Je lui disais qu'elle n'était pas sur le bon chemin'", a poursuivi le président. "Je ne lui ai pas dit cela, je lui ai dit qu'elle était une fille sale, ça veut dire une pute", a rectifié Ali E. dans le box. La serveuse a estimé que le Tunisien l'avait menacée de pendaison ou d'égorgement, des propos semble-t-il corroborés par une photo où l'on voit Ali porter sa main sur sa gorge. Le prévenu a pour sa part assuré que la femme l'avait insulté, provoquant sa réaction violente. L'homme a raconté aux policiers : "Je lui ai dit que si j'étais à sa place, je me mettrais une corde au cou."

Quelques jours avant l'agression, Ali E. avait aussi déclaré au patron du bar : "Il ne faut pas servir d'alcool pendant le ramadan, sinon tu verras ce qui peut t'arriver." Mais le patron, d'origine tunisienne, pensant à une allusion à une "vengeance divine", ne s'en était pas ému. "Je n'ai pas affaire à un terroriste, à un islamiste. Le mobile est culturel", a-t-il estimé mercredi, notant qu'Ali E. lui avait dit qu'il ne respectait pas lui-même le ramadan, buvait des bières et fumait des joints.

L'avocate d'Ali E. a également décrit "une position culturelle primaire" de son client, en écartant toute radicalisation religieuse. L'homme, installé illégalement en France depuis cinq ans, s'était soustrait à une obligation de quitter le territoire prononcée en décembre 2014.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.