Montigny -lès-Metz : la justice relance l’enquête
De nouveaux éléments.
_ Vingt-deux ans après les faits, la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Metz (Moselle) décide de rouvrir le dossier du double meurtre de Montigny, suivant ainsi les réquisitions du procureur général. Jacques-Philippe Segondat souhaite faire entendre deux témoins qui se sont manifestés par écrit, depuis le non-lieu rendu en décembre au profit de Francis Heaulme.
L’un d’eux affirmerait avoir vu le "routard du crime" couvert de sang, à bicyclette, le jour des faits. Un autre affirme qu’un co-détenu aurait reçu les confidences de Francis Heaulme à propos du meurtre de ces enfants. Alexandre Beckrich et Cyril Beining, deux garçons de huit ans, avaient été tués à coups de pierre le 28 septembre 1986 sur le talus d’une voie ferrée à Montigny, près de Metz.
Erreur judiciaire
Trois ans plus tard, Patrick Dils, âgé de 16 ans au moment des faits, était condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Il avait avoué le double meurtre devant la police puis devant le juge, dans des conditions ensuite contestées. Il s’était rétracté et n’avait cessé depuis de clamer son innocence. De nouveau condamné à 25 ans de prison en 2001 lors d’un procès en révision devant les assises de la Marne, il avait fini par être acquitté en 2002 par la cour d’assises du Rhône. Après 15 ans passés en prison.
L’enquête rouverte une première fois, les investigations s’étaient concentrées sur Francis Heaulme, déjà condamné à sept reprises dont deux fois à la perpétuité pour d’autres meurtres. Le tueur en série avait lui-même évoqué ce crime dans des déclarations ambigües. Mais en l’absence d’aveux et de preuves matérielles, un non-lieu avait été rendu en décembre dernier, au terme de 18 mois d’enquête.
Faisceau d’éléments
Le dossier contenait cependant beaucoup d’éléments à charge désignant le "routard du crime". Selon les gendarmes, l’affaire de Montigny-lès-Metz porte la "quasi-signature criminelle" de Francis Heaulme, en raison notamment de similitudes dans le mode opératoire. Par ailleurs, l’enquête a permis d’établir que le suspect travaillait à l’époque dans une entreprise située à 400m des lieux du crime. Il avait été licencié juste après les faits en raison d’un comportement perturbé.
Tout en niant le double meurtre, Francis Heaulme a reconnu dans plusieurs dépositions avoir été présent sur les lieux et avoir vu les enfants, qui lui auraient jeté des pierres. De même, il affirme être tombé de vélo, expliquant ainsi la présence de sang sur ses vêtements.
Après 22 années d’instruction et des centaines d’auditions et expertises, compulsées dans une quarantaine de tomes, représentant plusieurs mètres-cubes de papier, l’enquête repart donc de zéro, ou presque.
Gilles Halais avec agences
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