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Le témoignage de Fatima, mère du troisième kamikaze du Bataclan

Le troisième kamikaze du Bataclan a été identifié : il s'agit d'un homme de 23 ans, Fouad Mohamed Aggad. Il était parti en Syrie fin 2013. Notre reporter Gaële Joly avait, il y a quelques mois, rencontré la mère de ce terroriste, au cours d'une enquête sur les jeunes partis faire le djihad. Elle a pu joindre à nouveau cette femme désespérée, qui n'arrive pas à croire à l'acte de son fils.
Article rédigé par Gaële Joly
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
  (Foued Mohamed Aggad, identifié comme le troisième kamikaze du Bataclan, a posté une photo de lui du Facebook en 2014. © Copie d'écran)

Malgré l'évidence, Fatima refuse toujours de croire que son fils est l'un des kamikazes du Bataclan. Elle qui était en contact régulier avec lui depuis son départ en Syrie, en décembre 2013. Habitante de Wissembourg, à quelques kilomètres du Rhin, cette petite femme très active, divorcée de son mari, mère de quatre enfants, a vu partir ses deux fils en Syrie à un jour d'intervalle. Foued, 23 ans, et son frère et Karim, 25 ans, se sont retrouvé sur place. Karim, rentré au bout de quelques mois, en avril 2014, est emprisonné aujourd'hui. En détention provisoire en région parisienne.

Contacts réguliers

Foued, lui, était resté la bas. Aux dernières nouvelles, il combattait en Irak. Avec sa mère, il discutait régulièrement. Au début par texto puis par Skype, moins surveillé. Mais parfois, racontait Fatima, elle sentait que quelqu'un rentrait dans la pièce et s’asseyait à côté de lui. Il ne parlait alors plus que de religion et disait à sa mère qu’elle devait venir faire la hijra , c'est à dire émigrer en terre d'islam. 

Message codé

Là-bas il s'était marié à une Française. D'après Fatima, son fils avait un temps envisagé de rentrer en France avant de se rétracter. Il ne voulait pas, raconte-t-elle, partir sans sa femme qu'il ne voyait que trois ou quatre fois par mois. Par ailleurs, il disait préférer mourir en martyr en Irak comme kamikaze plutôt que d'aller en prison, comme son frère.  Quand sa mère lui parlait de s'enfuir il répondait que c'était très difficile. Ils avaient donc une sorte de message codé : "Est-ce que la voiture est au garage ? ", ce qui signifiait : "Est-ce que ce que tu es encore en Syrie ? Quand vas-tu rentrer en France ?" 

Sans nouvelle

Jamais elle n'aurait imaginé que ça finirait comme ça, au Bataclan. Depuis août, elle n'avait plus de nouvelles. Ce jeudi matin, c'est une femme désespérée que nous avons eu au bout du fil. Une femme qui n'a rien vu venir.

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