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Le laboratoire Servier reconnaît les risques liés au Mediator

Dans une interview au Journal du dimanche, la directrice générale du laboratoire Servier reconnaît que le Mediator a pu représenter "un vrai risque pour certains patients". Un tournant radical dans la défense du fabricant du médicament.
Article rédigé par franceinfo
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"Je veux être très claire: nous ne nions pas que le Mediator ait pu présenter un vrai risque pour certains patients", déclare Lucy Vincent, directrice générale du laboratoire Servier dans les colonnes du Journal du dimanche. C'est la première fois qu'un responsable de l'entreprise reconnaît la dangerosité du médicament. "Si le Mediator a provoqué la mort de trois personnes, c'est déjà trop".

En évoquant trois possibles décès, elle conteste néanmoins les estimations de mortalité de l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps). Selon cette autorité de surveillance, 500 à 2.000 décès pourraient être liés au Mediator. Pour Lucy Vincent, les estimations "ont été réalisés à partir d'une population qui avait pris du Mediator, sans tenir compte apparemment des autres pathologies dont pouvaient souffrir ces patients". Dans l'entretien, elle affirme que la simple constatation d'une valvulopathie "ne permet pas de l'imputer systématiquement à un traitement médicamenteux. D'autres facteurs de risques existent tels que le diabète, le surpoids et l'âge".

TROIS MORTS, ESTIME LE LABORATOIRE

Le même nombre de décès aurait été avancé cette semaine par le PDG de l’entreprise, Jacques Servier, lors de ses vœux au personnel. Selon Libération, il aurait déclaré : "le Médiator, ce n’est que trois morts". Lucy Vincent a d’ailleurs volé au secours de Jacques Servier, 88 ans. Il est "très affecté par cette affaire" et n'aurait évoqué à cette occasion que "les trois décès rapportés par la pharmacovigilance en 2009, c'est-à-dire juste avant que le médicament soit retiré du marché".

En novembre, la société Servier s’était défendu en évoquant des "hypothèses fondées sur des extrapolations". Les victimes se réjouissent de ce tournant dans le discours de l'entreprise. Leur avocat, Me Charles Joseph-Oudin, s’est dit " soulagé que le laboratoire reconnaisse sa part de responsabilités dans ce scandale".

Ce samedi, une source judiciaire a confirmé que le parquet de Paris avait ouvert une enquête préliminaire sur le Mediator.

Le lien entre dysfonctionnements cardiaques et prise du Médiator est établi en interne par deux rapports depuis octobre 2009, a également confirmé la directrice générale du laboratoire Servier. Le Mediator avait été retiré du marché le mois suivant.

Le Mediator est un médicament fabriqué par le laboratoire Servier. Il est destiné aux diabétiques en surpoids et largement détourné comme coupe-faim.

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