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Jugé pour des paroles violentes, le rappeur Orelsan relaxé en appel

Il était poursuivi pour provocation à la violence contre les femmes par plusieurs associations. Mais la justice a considéré que l'artiste mettait en scène des personnages dans ses chansons.

Article rédigé par franceinfo
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Orelsan, sur scène pendant un concert Urban Peace, le 28 septembre 2013, au Stade de France. (PIERRE ANDRIEU / AFP)

Le rappeur Orelsan, jugé pour provocation à la violence dans plusieurs chansons, a été relaxé en appel, jeudi 18 février, par la cour d'appel de Versailles (Yvelines). Aurélien Cotentin de son vrai nom était poursuivi pour "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence" contre les femmes. La cour d'appel invoque la "liberté d'expression".

Qu'était-il reproché à Orelsan ?

Les textes de huit de ses chansons, interprétées lors d'un concert à Paris en mai 2009, étaient en cause. Figurent dans ses huit titres des paroles comme "J'te quitterai dès qu'j'trouve une chienne avec un meilleur pedigree""Renseigne-toi sur les pansements et les poussettes, je peux faire un enfant et te casser le nez sur un coup de tête" ou encore "Ferme ta gueule ou tu vas te faire marie-trintigner", en référence à l'actrice Marie Trintignant, morte sous les coups de son compagnon Bertrand Cantat.

Cinq associations féministes poursuivaient Orelsan : Chiennes de garde, Collectif féministe contre le viol, Fédération nationale solidarité femmes, Femmes solidaires et le Planning familial. Les associations, pour qui ces textes visent "les femmes, comme une catégorie générale", estimaient qu'il n'existait aucune "distanciation" entre le rappeur et son personnage en se basant sur cet extrait d'Etoiles invisibles : "C'est pas en insultant les meufs dans mes refrains que j'deviendrai quelqu'un mais j'aime bien".

D'ailleurs, avaient-elles souligné, la chanson Sale pute, qui avait suscité une vive polémique en 2009, n'est pas visée puisqu'elles y reconnaissent clairement une "fiction". Poursuivi par l'association Ni putes ni soumises pour ce morceau, Orelsan avait été relaxé par le tribunal correctionnel de Paris en 2012.

Comment Orelsan s'est-il défendu ?

"On peut pas faire que des œuvres qui soient du Walt Disney, quoi !" avait plaidé l'artiste de 33 ans à la barre de la cour d'appel qui, en décembre, le jugeait pour la troisième fois. La rappeur avait invoqué sa "liberté de création". Le chanteur l'assure, il s'agit là de propos "ironiques", certes parfois "d'hyper mauvais goût", placés dans la bouche d'un "personnage fictif", "un gros nul" et en aucun cas de son opinion. "Ce n'est pas du tout ce que je pense. (...) Je n'ai jamais dit ça publiquement", s'état-il défendu. 

"Personne ne peut se dire : 'Si Orelsan le dit, c'est que c'est vrai ?'", l'avait interrogé le président de la cour. Et l'intéressé de répondre : "Dans mon public, personne ne se dit ça." La défense de l'artiste dénonçait aussi des poursuites basées sur des textes "tronqués", ne représentant qu'une infime partie du concert. "Jamais personne n'a été incité" à la violence, avait encore expliqué Orelsan.

Que dit la justice?

Dans leur décision, les magistrats soulignent qu'Orelsan "n'a jamais revendiqué" publiquement "la légitimité des propos violents, provocateurs ou sexistes tenus par les personnages de ses textes qu'il qualifie lui-même de 'perdus d'avance'". Le rap est "par nature un mode d’expression brutal, provocateur, vulgaire, voire violent puisqu’il se veut le reflet d’une génération désabusée et révoltée", explique aussi la cour d'appel, selon Le Monde.

Si les passages de ses chansons avaient été sanctionnés, cela "reviendrait à censurer toute forme de création artistique inspirée du mal-être, du désarroi et du sentiment d’abandon d’une génération en violation du principe de la liberté d’expression", poursuivent les juges. "Une écoute exhaustive et non tronquée de ses chansons permet de réaliser qu'Orelsan n'incarne pas ses personnages", ajoutent-ils, et que la "distanciation" entre eux est "évidente". 

En première instance, en 2013 à Paris, l'artiste, poursuivi par des associations féministes, avait été condamné à 1 000 euros d'amende avec sursisLes juges avaient ainsi considéré la phrase "les féministes me persécutent (...) comme si c'était d'ma faute si les meufs c'est des putes", comme une injure sexiste. Pour les paroles "Renseigne-toi sur les pansements et les poussettes, j'peux t'faire un enfant et t'casser le nez sur un coup d'tête" ainsi que "ferme ta gueule ou tu vas t'faire marie-trintigner", Orelsan avait été reconnu coupable de "provocation à la violence à l'égard d'un groupe de personnes en raison de leur sexe". Mais en 2014, la cour d'appel de Paris avait jugé les poursuites prescrites, sans se prononcer sur le fond. La Cour de cassation avait annulé cette décision en juin et ordonné ce troisième procès.

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