"Il y a de quoi avoir le vertige" : après quatre mois de travail, la commission d'enquête du Sénat sur le trafic de drogue en France dresse un premier bilan alarmant

Le président et le rapporteur de la commission d'enquête du Sénat sur le trafic de drogue sont à Marseille, cette fin de semaine. Après plusieurs mois de travail dans toute la France, ils s'inquiètent "des failles de l'Etat" pour faire face aux trafics.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un guetteur surveille les allées et venues dans la cité de La Castellane à Marseille, en février 2018. (VALLAURI NICOLAS / MAXPPP)

Il y a une évolution "très inquiétante" du narcotrafic en France. Voilà les mots du président et du rapporteur de la commission d’enquête du Sénat sur le trafic de drogue dans le pays. En visite jeudi 7 et vendredi 8 mars à Marseille, où la guerre entre trafiquants a fait 49 morts l'an passé, les sénateurs ont dressé un premier bilan d’étape après quatre mois de travail. Ils s’inquiètent de la "violence extrême" des trafics, et "des failles de l’Etat" pour y faire face.

Le constat fait froid dans le dos, résume le président de la commission d’enquête, Jérôme Durain. Il prend l’exemple de Marseille : les victimes du narcotrafic n'y ont jamais été aussi nombreuses et les tueurs sont de plus en plus jeunes… Lors des auditions menées par les sénateurs, une magistrate marseillaise a affirmé que la guerre contre les trafics était en train d’être perdue. Le président du tribunal a, lui, réclamé un plan Marshall.

"Ce système inonde l'ensemble de la France"

Les entendre, c’était comme une "promenade au bord du gouffre", explique Jérome Durain : "Quand vous avez des magistrats qui parlent de gangrène, quand vous avez des habitants qui vous disent qu'ils ne peuvent pas rentrer chez eux après telle heure le soir, quand vous voyez des gamins qui sont victimes d'homicides : il y a de quoi avoir le vertige."

Les narcotrafics sont de plus en plus agressifs et s’adaptent comme une entreprise libérale, s’inquiètent les sénateurs de la commission d’enquête. Et le phénomène est loin de se limiter à Marseille. Après s’être déplacé de la Seine-Saint-Denis à la Meuse, de la Bourgogne à Lyon, le rapporteur, Etienne Blanc, le martèle, le trafic de drogue concerne toute la France : "Ce qui nous a frappés, c'est que, jadis, réservé au secteur très urbain, maintenant ce système inonde l'ensemble de la France. En Côte-d'Or, on a saisi dans un village, un laboratoire", précise-t-il.

Le rapporteur et le président de la commission d’enquête parlent d’une guerre asymétrique contre le trafic de drogue. Dans le rapport qu’ils présenteront en mai, ils comptent bien proposer des mesures, pour redonner à l’état des armes pour lutter.

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