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Josacine empoisonnée : la mère de la petite fille tuée doute de la culpabilité de l'homme condamné

Le 11 juin 1994, alors qu’elle était en week-end chez des amis, la petite Emilie Tanay, 9 ans, mourait empoisonnée par du cyanure. 25 ans plus tard, sa mère, Corinne Tanay, a mené une contre-enquête.

Article rédigé par franceinfo
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La fille de Corinne Tanay est morte en 1994 après avoir absorbé de la Josacine empoisonnée. (JOEL SAGET / AFP)

Corinne Tanay est une femme qui doute après avoir été pleine de certitudes. En mai 1997, lorsque la cour d'assises de Seine-Maritime condamne Jean-Marc Deperrois à 20 ans de prison pour l'empoisonnement de sa fille de 9 ans, elle est persuadée qu'il est l'auteur du crime. Tout au long du procès, Corinne Tanay exprime sa détresse et crie sa haine contre Jean-Marc Deperrois. Ce chef d'entreprise était l'amant de Sylvie Tocqueville, chez qui séjournait sa fille pour le week-end. Il aurait empoisonné un médicament pour tuer le mari de sa maîtresse, mais c'est la petite Émilie qui a finalement pris la Josacine et qui est décédée.

Mais, après le procès, Corinne Tanay va progressivement se plonger dans les centaines de pages de dossiers. Jean-Marc Deperrois est lui libéré en 2006, après 12 ans de prison. Il continue aujourd'hui de clamer son innocence et crie à l'erreur judiciaire. 

Un rendez-vous dans un salon de thé

Corinne Tanay va alors entamer une démarche rare pour une victime. Il y a tout juste trois ans, dans un salon de thé du Havre, elle rencontre pour la première fois celui qui a été condamné pour la mort de sa fille. Trois autres entrevues seront organisées. Pendant plusieurs heures, Corinne Tanay et Jean-Marc Deperrois discutent à bâtons rompus. La mère de la petite Émilie avoue "avoir souvent voulu tuer" son interlocuteur. "La vengeance m'emprisonnait", reconnaît-elle. Mais ensemble donc, ils retracent la chronologie de l'affaire. 

Corinne Tanay interroge Deperrois sur ses mensonges. Elle les a comptés, il y en a 57 ! Pourquoi a-t-il caché qu'il avait du cyanure ? "Je me suis dit : cela va me tomber dessus, il faut que je m'en débarrasse", répond Deperrois qui a une "peur panique" d'être accusé. Il assure à la mère de la petite Émilie: "croyez-moi, je suis allé en prison et j'ai payé pour quelque chose que je n'ai pas fait".    

Un livre pour exposer ses interrogations

Vingt-cinq ans après la mort de sa fille, Corinne Tanay sort La réparation volontaire, qui paraîtra jeudi 14 novembre chez Grasset. Elle s'étonne que personne ne se soit intéressé à certaines zones d'ombre du dossier. Après ses longs échanges avec Jean-Marc Deperrois, elle dit ses doutes sur sa culpabilité : "l'idée qu'un homme ait passé 12 ans de sa vie en prison pour un crime qu'il n'aurait pas commis me révolte".

Sans porter d'accusation, la maman d'Émilie juge ainsi troublant le comportement du couple Tocqueville qui, selon elle, reste évasif sur les raisons du malaise de sa fille. "Pourquoi laissent-ils les urgentistes soigner Émilie à l'aveugle ?", se demande-t-elle notamment. "La vie d'une enfant de 9 ans était en jeu et ils ne pensent qu'à sauver leur peau", écrit encore Corinne Tassay.

Dans ces échanges en tout cas, il y a peut-être des pistes pour la justice et surtout, une main tendue. Corinne Tanay dit "accueillir la démonstration de l'innocence" de Jean-Marc Deperrois. Au sujet de leur rencontre, elle affirme aujourd'hui que "lui et moi pouvons être fiers de l'avoir accomplie".

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