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Incendies : "On a de nouveaux territoires qui sont de plus en plus exposés à ce risque", pointe une climatologue

En ce début du mois de juillet, les incendies se multiplient en France avec notamment deux feux de forêt en Gironde qui ne sont toujours pas fixés malgré les efforts des pompiers.

Article rédigé par franceinfo
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Les pompiers prennent position à Cazaux le 14 juillet 2022 lors de l'évacuation de la ville en raison de l'incendie de la forêt de La Teste-de-Buch. (THIBAUD MORITZ / AFP)

"On a de nouveaux territoires qui sont de plus en plus exposés à ce risque", pointe vendredi 15 juillet sur franceinfo Françoise Vimeux, climatologue, directrice de recherche à l’Institut de recherche pour développement (IRD). Depuis le mardi 12 juillet, deux incendies ravagent la Gironde. Ils ont dévoré plus de 7 500 hectares de forêt, et ne sont toujours pas fixés malgré les efforts des pompiers, épaulés par l'armée et trois Canadair.

>> Gironde : ce que l'on sait des incendies qui continuent toujours de progresser 72 heures après leur départ

Des incendies alors qu'un épisode caniculaire frappe la France avec notamment des très fortes chaleurs attendues lundi 18 juillet. Des températures entre 40 °C et 42 °C sont prévues des Pyrénées-Atlantiques jusqu'au Morbihan. "Sur le court et moyen terme, on va avoir des incendies qui vont se multiplier", avertit Françoise Vimieux.

franceinfo : Peut-on imaginer un été sans incendie ?

Françoise Vimieux : Sur le court et le moyen terme, on va avoir des incendies qui vont se multiplier. C'est impossible de savoir si ce sera le cas chaque année. En revanche, on sait que des territoires deviennent de plus en plus vulnérables. On voit que la vulnérabilité augmente dans les forêts landaises, dans les forêts autour d'Orléans, certains territoires en Dordogne, dans le sud de l'Ile-de-France avec la forêt de Fontainebleau ou même certaines parcelles de forêt en Bretagne.

"Cette extension des zones à risque se produit car notre territoire s'assèche en été, années après années."

Françoise Vimieux, climatologue

à franceinfo

Les projections climatiques montrent très bien qu'on va avoir un déficit de pluies dans les années et décennies à venir sur tout le territoire français en été. Evidemment, ce déficit va être beaucoup plus important dans le Sud de la France.

Des incendies sévissent en ce moment dans d'autres pays comme le Maroc ou la Grèce. Peut-on imaginer, à court ou moyen terme, que les feux de forêts gagnent le nord de l'Europe ?

Les pays d'Europe du sud sont particulièrement vulnérables. Ce que l'on projette pour eux, c'est des déficits de pluie toute l'année, à la fois l'hiver et l'été, ce qui n'est pas encore le cas pour la France. Avec le réchauffement de notre atmosphère, on peut considérer que dans plusieurs décennies, les conditions estivales, à la fois de températures et de sécheresse, seront propices à des développements de feu dans des régions beaucoup plus au nord, en France mais aussi, par exemple, dans des pays nordiques où on a peu de feux aujourd'hui.

On a vu ces dernières années des feux se développer dans les forêts boréales. Les zones en altitude sont également menacées à partir du moment où on a une sécheresse intense et des températures élevées. Certaines zones dans le Jura, par exemple, deviennent vulnérables aux incendies.

Est-ce que ces incendies sont de plus en plus virulents ?

Oui, il y a plusieurs facteurs à cela. Le vent qui vient maintenir et propager les incendies. Et surtout la sécheresse de la végétation et des sols qui fait qu'une fois que l'incendie est parti, il est très difficile de l'arrêter parce qu'il se propage très facilement, très vite. Et on comprend bien qu'une végétation sèche s'embrase très facilement. Avec un petit peu de vent, vous pouvez avoir des étincelles qui partent de manière lointaine. C'est ce qui rend difficile la limitation des incendies.

Les conséquences de ces incendies sont-elles irréversibles pour le patrimoine naturel ?

Il y a plusieurs choses. Quand vous brûlez un arbre, c'est du dioxyde de carbone qui était stocké dans cet arbre qui repart dans l'atmosphère. Ensuite, si on regarde le territoire en lui-même, il y a des espèces végétales qui vont reprendre très rapidement. En revanche, il y a un impact sur la faune qui quitte ce territoire et qui ne va pas revenir avant plusieurs années. Mais les forêts se régénèrent tout de même. On a des pays où on est habitué à brûler certaines parcelles pour avoir une régénération plus facile des forêts.

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