Indemnisations après l'incendie de Lubrizol : "C'est l'une des premières fois qu'une entreprise avance des fonds sans y être contrainte judiciairement"
Ambroise Baron, délégué territorial de la Confédération des petites et moyennes entreprises, apprécie le geste de Lubrizol, perçu comme "une volonté de s'inscrire dans le territoire".
Le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre de la Transition écologique et solidaire Élisabeth Borne étaient en visite à Rouen vendredi 25 octobre, un mois après l'incendie de Lubrizol pour réfléchir aux indemnisations des commerçants et des entreprises touchés par le sinistre. Lubrizol s'est d'ores et déjà engagée, sur le principe, à indemniser les personnes touchées, sans avancer aucun chiffre. "C'est l'une des premières fois qu'une entreprise avance des fonds sans y être obligée, contrainte judiciairement", salue vendredi sur franceinfo Ambroise Baron, délégué territorial CPME [Confédération des petites et moyennes entreprises] pour Rouen rive droite, présent à la réunion à la préfecture.
franceinfo : Que penser des premiers résultats de cette réunion ?
Ambroise Baron : Je tiens à saluer le travail de Lubrizol. C'est l'une des premières fois qu'une entreprise avance des fonds sans y être obligée, contrainte judiciairement. Pour les PME et les commerçants, et la vie économique autour, c'est un vrai plus, c'est une vraie satisfaction. Maintenant, on est dans un flou total, qui a une part d'évident : personne n'est capable de mesurer le montant du préjudice réel territorial, en termes de dépollution, de nettoyage des sites, de pertes d'exploitation. On ne connaît pas le montant car on ne connaît pas non plus le nombre de sites touchés. Il y a une certaine évidence pour les sites économiques qui sont juste à côté du sinistre. Mais qu'en est-il des hôtels et commerces situés à 20, 30, 40 kilomètres, s'il y a une perte d'affluence, d'activité, est-ce que c'est directement assimilable à Lubrizol ?
Que dit le geste de Lubrizol ?
Je le vois comme une volonté de l'entreprise de s'inscrire dans le territoire. J'ai eu l'opportunité de croiser le PDG de Lubrizol auparavant, c'est une entreprise implantée durablement. Ils sont la tête de pont d'un véritable maillage de l'industrie chimique dans la région. On parle souvent de "la famille Lubrizol" pour assimiler les salariés et les dirigeants, car ils travaillent très bien, étroitement, entre eux. De la même façon qu'on ne peut pas opposer la catastrophe économique et la catastrophe écologique, il faut reconnaître qu'eux aussi sont victimes d'un accident, il n'y a rien de volontaire chez eux. Sur d'autres sites, sur d'autres gros accidents technologiques en France, où il y a pu avoir des morts, des blessés et des dégâts matériels extrêmement lourds, il a fallu attendre que la justice passe pour voir des fonds débloqués. Là, directement, eux disent : "On est là, on est présents, on joue le jeu".
Combien de commerçants et d'industries sont venus vous voir ?
Je suis incapable de vous dire. Il y a des remontées qui sont passées par des comités locaux, par la chambre de commerce, directement auprès de la préfecture, des syndicats professionnels. L'agriculture, on sait qu'il y a eu 1 200 exploitations agricoles touchées, soit 20% de la surface agricole de la Seine-Maritime. Pour les commerces et les entreprises, c'est plus difficile à estimer.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.