Cet article date de plus d'un an.

Incendie dans l'Aisne : ce que l'on sait du drame qui a tué une mère et ses sept enfants à Charly-sur-Marne

Les victimes ont été piégées au deuxième étage de la maison, les volets électriques ne pouvant être ouverts en raison de la coupure de courant due aux flammes. Seul le père de famille a survécu.
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 1 min
La maison brûlée lors d'un incendie à Charly-sur-Marne, dans l'Aisne, le 6 février 2023. (FRANCOIS NASCIMBENI / AFP)

Tout un village sous le choc. Sept enfants de 2 à 14 ans et leur mère sont morts dans l'incendie qui a ravagé leur maison à Charly-sur-Marne (Aisne), dans la nuit du dimanche 5 au lundi 6 février. Seul le père de la famille a survécu. Le drame qui a touché la commune champenoise est le plus meurtrier impliquant des enfants depuis un incendie en 2013 dans le même département. Voici ce que l'on sait de cette tragédie.

Le feu aurait été déclenché par un sèche-linge

L'incendie a pris en pleine nuit dans la maison de trois niveaux. Deux adultes et sept enfants résidaient à l'intérieur. Le père a alors "perçu une odeur de brûlé, puis remarqué une fumée épaisse provenant du rez-de-chaussée", selon le communiqué du procureur de Soissons. "C'est a priori un sèche-linge qui a pris feu", a précisé le magistrat.

Le père a tenté d'évacuer le sèche-linge, sans succès, et a demandé à sa famille de se mettre à l'abri au deuxième étage, dans des combles aménagés de la maison, selon le récit fait par le procureur. Mais le feu a continué de s'étendre dans la maison et le piège enflammé s'est refermé sur les victimes. Les enfants et la mère n'ont plus pu sortir de la maison, les volets électriques étant bloqués par la coupure du courant, tandis que la fumée noire envahissait l'escalier.

Le père, gravement brûlé, a été extrait de l'habitation par un voisin, pompier volontaire, avant l'arrivée de ses collègues. "J'ai vu plein de gens casser les fenêtres et la porte de cette maison, pour essayer de faire sortir les gens qui étaient encore à l'intérieur. C'était de grosses flammes qui sortaient de la porte d'entrée et qui montaient jusqu'à l'étage, a témoigné une voisine. Le père hurlait qu'il y avait ses enfants à l'intérieur. Il a essayé de retourner dans la maison, mais un monsieur qui était là, probablement un pompier en civil, l'en a empêché avant que les pompiers n'arrivent."

Appelés à 0h49 selon la préfecture, les pompiers ont déployé d'importants moyens, avec 80 soldats du feu et deux grandes échelles, mais n'ont pas pu sauver le reste de la famille, peinant à intervenir du fait de la configuration des lieux. Les pompiers sont finalement parvenus à éteindre l'incendie en début de matinée. Deux tracteurs ont été mobilisés pour évacuer les déblais.

Les victimes sont mortes à cause des fumées toxiques

Le bilan de cet incendie est très lourd. La mère, une femme âgée de 40 ans, est morte, ainsi que ses sept enfants, deux garçons âgés de 2 et 4 ans et cinq filles âgées de 3, 7, 10, 13 et 14 ans, ont précisé les pompiers de l'Aisne à France Télévisions. Les quatre aînées étaient issues d'une première union de la mère. La famille, originaire du Nord, s'était installée il y a quatre ans dans cette maison.

Toutes les victimes sont mortes asphyxiées par les fumées de l'incendie. "Les corps n'étaient pas calcinés", a déclaré le procureur. Les dépouilles ont ensuite été transférées à l'institut médico-légal de Saint-Quentin pour des examens. Ceux-ci confirment "l'absence de traces de lésion ne résultant pas de l'incendie" et établissent "que les huit personnes étaient vivantes avant l'inhalation des fumées toxiques dont les niveaux relevés se sont avérés extrêmement létaux", selon un communiqué du parquet consulté par France 3 Hauts-de-France.

Le parquet n'envisage pas de faire réaliser une autopsie. Quant au père de famille, un employé agricole âgé de 40 ans, il est hospitalisé pour des brûlures au second degré et a pu être entendu lundi en début d'après-midi. Malgré ses blessures, ses jours ne sont pas en danger. 

Une enquête est ouverte

Une enquête a été ouverte pour déterminer l'origine de cet incendie meurtrier. Elle est menée par la brigade de recherches de Château-Thierry. L'enquête doit notamment se concentrer sur le sèche-linge, "complètement calciné", qui semble avoir déclenché l'incendie, a précisé le procureur. "La maison était tout à fait aux normes", a témoigné Sylvie Corré, l'épouse du propriétaire de la maison, auprès de l'AFP. "A ce stade, il n'y a pas d'éléments reliant l'incendie à un problème d'insalubrité", confirme le procureur.

Le village est en deuil

A la mi-journée, lundi, des riverains s'étaient rassemblés, les larmes aux yeux, devant l'habitation, façade noircie et volets calcinés, dans une rue étroite du centre de la bourgade. "On était sur place, dans la même rue. Toute la nuit, on a vu l'horreur", a encore témoigné Sylvie Corré. Emotion aussi devant l'école élémentaire où certaines des jeunes victimes étaient scolarisées. La maîtresse "nous a dit qu'il fallait profiter de nos amis", témoigne un petit garçon de 10 ans, camarade d'une des fillettes décédées.

L'incendie d'une maison dans l'Aisne a ôté la vie à huit membres d'une même famille recomposée, dans la nuit du lundi 6 février. Seul le père a échappé à la mort.
Aisne : huit membres d'une même famille décèdent dans l'incendie d'une maison L'incendie d'une maison dans l'Aisne a ôté la vie à huit membres d'une même famille recomposée, dans la nuit du lundi 6 février. Seul le père a échappé à la mort. (FRANCE 2)

Le directeur de l'école "avait les larmes aux yeux" lui aussi à l'arrivée des enfants, témoigne une autre mère qui préfère rester anonyme. "Des cellules d'écoute ont été mises en place pour accueillir la parole des enfants et des professeurs", a précisé Catherine Albaric-Delpech, directrice académique.

Un projet de marche blanche a également été évoqué, mais n'est pas encore confirmé, précise France 3 Hauts-de-France, dans l'attente notamment de l'accord de la famille des victimes.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.