Espionnage de Greenpeace: un ancien de la DGSE accuse EDF
"Je regrette qu'EDF n'assume pas ses responsabilités." Thierry Lorho est catégorique, sa voix ne tremble pas. Oui, il a servi d'espion au géant énergétique français. Oui, il a piraté trois ordinateurs de Greenpeace. Oui, il en a sorti des informations sur d'éventuelles actions liées au réacteur nucléaire de Flamanville. Oui, enfin, il a été payé pour ça. Cher: 50.000 euros. Il savait que c'était illégal.
L'homme s'est formé à la DCRI, les renseignements intérieurs français. Sur le terrain, il rencontre des hackers, et il décide d'ouvrir sa propre société, Kargus Consultants. Une entreprise spécialisée dans la veille stratégique. En français, ça veut dire spécialisée dans l'enquête industrielle, dans l'espionnage.
EDF est jugé depuis lundi devant le tribunal correctionnel de Nanterre, poursuivie comme personne morale pour complicité et recel d'intrusion frauduleuse informatique. C'était en 2006. Les deux responsables de la sécurité, soupçonnés d'avoir rédigé le contrat, se débattent sur le banc des accusés. Avec ce témoignage, la partie va devenir très difficile à gagner.
L'avocat du groupe, Alexis Gublin, tente la stratégie du déni. EDF serait victime des agissements de Kargus Consultants, qui aurait outrepassé les termes de sa mission. Alors quels étaient-ils initialement? Mystère.
Et quelles sont les informations recueillies par les hommes de Lorho? Aucune idée. L'intéressé refuse d' "afficher ses activités illégales". Et les deux responsables d'EDF prétendent n'avoir pas eu la curiosité de les consulter. Une copie de l'un de ces disques durs piratés a pourtant été retrouvée dans un coffre-fort de l'électricien.
Du côté de Greenpeace, on se frotte les mains. L'avocat de l'organisation écologiste, Alexandre Faro, est certain de sa victoire. "La défense d'EDF a été mise à mal aujourd'hui dans la mesure où ce contrat a été honoré et validé au plus haut sommet du groupe."
Demain, les mêmes pirates devront s'expliquer sur une autre affaire: l'espionnage du laboratoire national de lutte antidopage par le cycliste Floyd Landis, vainqueur déchu de la Grande boucle 2006.
Augustin Arrivé, avec agences
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