Eric de Montgolfier, un procureur devant les juges
Eric de Montgolfier, 62 ans, comparaît aujourd'hui et mercredi devant le tribunal correctionnel de Lyon. Le procureur de Nice est accusé d'avoir maintenu arbitrairement en détention un détenu, allant à l'encontre d'une décision de justice. L'ancien directeur de la maison d'arrêt de Nice, Christian Chambrin sera à ses côtés dans le box des accusés.
Les juges lyonnais vont devoir pendant deux jours trouver qui dit vrai dans cette histoire. Les deux hommes, poursuivis pour “atteinte à la liberté individuelle”, se renvoient la balle dans ce dossier, refusant d'assumer le maintien en détention du voleur de bijoux à la réputation internationale, Jean Herrina.
En janvier 2003, après quatre mois de détention provisoire pour le braquage d'une bijouterie de luxe de Saint-Jean-Cap-Ferrat, un juge des libertés et de la détention avait ordonné la remise en liberté du voleur.
Surnommé “Le Sultan”, le détenu n'avait cependant pas été remis en liberté immédiatement. Quelques jours plus tard, il avait été rattrapé par une autre affaire pour le vol de deux bagues en diamants à Hong Kong, entraînant son maintien en détention.
Après son suicide à la prison de Draguignan en mars 2007, c'est sa fille, Yamina, qui a décidé de porté plainte.
Le directeur de la prison de Nice affirme avoir reçu un appel d'Eric de Montgolfier lui demandant de garder “Le Sultan” sous les verrous.
Faux répond le procureur mis en examen au début du mois de janvier. “Je ne me vois pas dire oralement “gardez-le”. Cette démarche ne me correspond pas, j'aime bien connaître les tenants et les aboutissants d'un dossier, et le cas échéant, je donne un ordre par écrit” avait déclaré le magistrat. Et d'ajouter : “je n'ai jamais vu un directeur de maison d'arrêt mettre quelqu'un dehors, ou le garder, sur un simple coup de téléphone”.
Eric de Montgolfier, qui ne “pense pas avoir violé la loi”, estime qu'“un non lieu eut été sans doute plus justifié”.
Après une dizaine passé à la tête du parquet de Nice, le procureur pourrait faire l'objet d'une “revanche” de certains de ses confrères, comme l'affirme son avocat Frédéric de Baets. C'est aux juges lyonnais d'y voir plus clair.
Mikaël Ponge, avec agences
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