EADS : Noël Forgeard toujours en garde à vue
Le parfum de scandale laissé par Noël Forgeard n'est pas prêt de s'évaporer chez EADS. L'ancien président, puis co-président du groupe aéronautique européen est en garde à vue depuis hier midi au siège de la brigade financière, dans le XIIIème arrondissement de Paris. Et la garde à vue a été prolongée de 24 h, comme la procédure en accorde le droit aux enquêteurs. A l'issue de cette garde à vue, il peut soit être remis en liberté, soit être mis en examen. Il serait alors le premier dirigeant ou ancien dirigeant d'EADS dans ce cas.
Les policiers l'entendent dans le cadre d'une affaire qui empoisonne la vie d'EADS depuis deux ans : l'éventuel délit d'initiés lié aux retards dans la production du dernier né d'Airbus, l'A 380 et du futur long courrier A 350.
Noël Forgeard est notamment mis en cause par un rapport du gendarme de la bourse, l'AMF (Autorité des marchés financiers), avec 16 autres dirigeants du groupe. Le délit d'initiés aurait été commis entre novembre 2005 et mars 2006. Dans ce document, Noël Forgeard - entre autres - est accusé d'avoir vendu des stocks-options attribuées par EADS à un moment où, selon l'AMF, il disposait d'“informations privilégiées” qui lui interdisaient de le faire. Le 17 novembre 2005, puis les 9 et 15 mars 2006, Noël Forgeard se serait débarrassé de 360.000 actions EADS, pour un montant de 4,3 millions d'euros. Or, le 13 juin 2006, Airbus révélait des retards de six à sept mois dans les livraisons du gros porteur A 380... annonce qui a fait chuter le titre de 25% et provoqué la mise en place d'un plan de restructuration, “Power 8”, qui prévoit 10.000 suppressions d'emplois.
Indemnité de départ de 8,5 millions d'euros
Noël Forgeard aurait donc profité d'informations internes confidentielles, très différentes de celles - optimistes - diffusées publiquement durant la même période. Parmi les autres mis en cause, l'actuel président d'Airbus, Thomas Enders, et les gros actionnaires de l'avionneur, les groupes Lagardère et DaimlerChrysler. La pilule a du mal à passer chez les petits actionnaires, qui, eux, y ont laissé quelques plumes. C'est d'ailleurs une association de petits porteurs, l'Appac, qui a déposé plainte.
Quant aux salariés, confrontés aux suppressions d'emploi, ils n'ont pas oublié le parachute copieusement doré dont a bénéficié le même Noël Forgeard lors de sa démission provoquée par la révélation de l'affaire en juillet 2006. Il a quitté la société avec une indemnité de départ et de
“non-concurrence” de 8,5 millions d'euros. Cette indemnité a donné lieu à l'ouverture d'une enquête distincte du délit d'initié, et enflammé une polémique sur la rémunération des patrons. Une polémique qui dure toujours.
Grégoire Lecalot, avec agences
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