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Meurtre de Fiona : trois questions auxquelles le procès devra répondre

La mère de la fillette et son ex-compagnon comparaissent à partir de lundi devant les assises du Puy-de-Dôme. 

Article rédigé par franceinfo - Margaux Duguet avec AFP
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Temps de lecture : 3 min
Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, au premier jour de leur procès pour le meurtre de Fiona, le 14 novembre 2016 à Riom (Puy-de-Dôme).  (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Un procès sans corps et des accusés qui se renvoient la balle. La tâche du jury des assises du Puy-de-Dôme s'annonce ardue, à la hauteur de la médiatisation de cette affaire hors-norme. Le 12 mai 2013, la disparition de Fiona, 5 ans, est signalée à Clermont-Ferrand par sa mère, Cécile Bourgeon. Quatre mois plus tard, la défense de cette dernière et de son ex-compagnon Berkane Makhlouf s'effondre. Ils avouent le décès de la fillette, mais sans dire qui a porté les coups mortels.

Accusés de violences ayant entraîné la mort sans intention de la donner sur mineure de 15 ans, par ascendant ou par personne ayant autorité et en réunion, de non-assistance à personne en danger et de recel ou dissimulation de cadavre, les ex-concubins, connus pour leur toxicomanie, encourent 30 ans de réclusion criminelle. Le procès, qui a débuté lundi 14 novembre, à Riom, doit durer dix jours. Les sept associations de protection de l'enfance qui se sont portées parties civiles, ainsi que le père de l'enfant, Nicolas Chafoulais, ont l'espoir de faire émerger la vérité. 

1Comment est morte Fiona ? 

Les enquêteurs disposent de nombreux éléments sur les violences dont a souffert la petite fille avant sa disparition, mais pas sur les circonstances exactes de son décès. D'après le juge d'instruction chargé de l'enquête, Fiona serait morte après un "enchaînement fatal de violences". Lors de son dernier jour d'école, la fillette était apparue sans énergie, la mine grise et les yeux cernés au point d'être comparée à "un petit cadavre", selon une employée de l'établissement scolaire. Le lendemain, au cinéma, des témoins la décrivent comme "un zombie". Fiona porte aussi un bandeau au niveau de la tempe qui cache un hématome. Son visage est partiellement tuméfié. 

La mère affirme que, la veille du 12 mai, son compagnon a une fois de plus frappé sa fille. Des gifles mais aussi des coups de poing et de pied que Berkane Makhlouf nie farouchement. Dans la nuit, Fiona aurait été prise de vomissements et, au matin, le beau-père de la fillette l'aurait découverte inanimée. Mais, faute de corps, les causes exactes de la mort de l'enfant ne sont, pour l'instant, pas éclaircies.

2Où est le corps ? 

C'est la question qui obsède les enquêteurs. Selon les associations de protection de l'enfance, c'est la première fois, dans l'histoire criminelle récente, qu'un procès d'assises se déroule sans le corps de l'enfant tué. Après quatre mois de mensonges, les ex-concubins ont finalement indiqué avoir enterré Fiona, nue, à la lisière d'une forêt près du lac d'Aydat, à une vingtaine de kilomètres de Clermont-Ferrand. Selon les aveux des deux accusés, c'est la mère qui conduisait la voiture lorsqu'ils se sont rendus sur les lieux pour ensevelir Fiona. Mais, malgré trois importantes fouilles, le corps de l'enfant n'a jamais été retrouvé.

Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf, au premier jour de leur procès pour le meurtre de Fiona, le 14 novembre 2016 à Riom (Puy-de-Dôme).  (ELISABETH DE POURQUERY / FRANCEINFO)

Les mensonges répétés des deux co-accusés font douter de la crédibilité de la thèse de l'enterrement, jusqu'au propre père de Fiona. "Il ne croit pas à leur histoire d'enterrement. Sa crainte est que Fiona ait fini dans un conteneur, comme un objet", indique l'avocat de Nicolas Chafoulais, Charles Fribourg, au Parisien

3Qui a tué la fillette ? 

Cécile Bourgeon et Berkane Makhlouf s'accusent mutuellement d'avoir porté les coups mortels. La mère "a toujours dit depuis le départ qu'elle n'avait strictement rien à voir avec le décès de sa fille", souligne l'un des avocats de la jeune femme, Renaud Portejoie. De son côté, Berkane Makhlouf semble "désireux de s'expliquer", selon son conseil, Mohamed Khanifar, cité par France 3 Auvergne. "Il n'accepte pas d'être injustement accablé pour un crime qu'il n'a pas commis et, bien qu'il soit incapable de s'en souvenir, il souhaite réellement que le corps de Fiona soit retrouvé", dit-il.  

Dans son réquisitoire, que le journal La Montagne a pu consulter, le procureur Pierre Sennès a la conviction que la mère et le beau-père de Fiona ont agi conjointement. "L'escalade morbide n'a été rendue possible que par une action commune de chacun des deux mis en examen", estime le magistrat. S'il décrit Berkane Makhlouf comme un "individu au lourd passé judiciaire, violent et toxicomane profond", Pierre Sennès considère Cécile Bourgeon comme "un acteur du calvaire infligé à Fiona". La mère "a fait cause commune avec son compagnon dans l'enchaînement des violences", conclut le magistrat. 

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