Comment deux policiers faisaient passer de la drogue à l'aéroport de Roissy
Un mois après leur arrestation et leur mise en examen, "Le Parisien" révèle leur mode opératoire. Au total, ils auraient facilité le passage de quelque 500 kilos de cocaïne.
France 3 avait révélé cette affaire retentissante. Deux policiers ont été arrêtés le 25 janvier après avoir récupéré à l'aéroport de Roissy (Val-d'Oise) près de 40 kilos de cocaïne dans des bagages en provenance de République Dominicaine. Ils ont été mis en examen, écroués et ont reconnu les faits. Jeudi 26 février, Le Parisien livre de nouveaux détails sur leur mode opératoire.
Premier voyage à vide
Le trafic a débuté en 2011, selon Le Parisien, qui s'appuie sur les auditions des deux policiers de l'aéroport soupçonnés, Clément G. et Christophe P., et la reconstitution des enquêteurs. Un peu plus tôt, l'un des deux, gardien de la paix, est approché par Kamel B., le commanditaire présumé. Clément G., 38 ans, aime ce qui brille. Il a eu une Ferrari et un petit bateau. Kamel B., qui est officiellement gérant d'une boutique de vêtements aux Halles, à Paris, entre en contact avec le policier dans un restaurant chic.
Pour tester ses recrues, Kamel B. organise un premier voyage à vide. Le procédé est relativement simple : les deux policiers s'engagent sur le tarmac avec une voiture autorisée et récupèrent à la descente d'avion un couple de "mules" (passeurs de drogue) françaises de retour de République dominicaine. Au passage, ils mettent la main sur leurs bagages chargés de drogue et évitent tous les contrôles de sécurité.
La drogue revendue à un parrain de la pègre ?
"Mules" et policiers ont un portable à usage unique pour s'assurer que tout se passe bien. Les policiers conduisent ensuite la drogue jusqu'à Kamel B., surnommé "Virenque". A la clé, minimum 40 000 euros pour chaque "ripoux" à chaque passage. En tout, ils auraient répété l'opération une dizaine de fois, pour un total de 500 kilos de drogue.
Le procédé ne semble pas très discret mais, à lire le Journal du dimanche, les policiers sont tombés sur leurs collègues "ripoux" en enquêtant sur Kamel B. Selon le journal, la PJ parisienne cherchait à déterminer "l'origine des quelque 500 000 euros retrouvés dans le coffre de la Peugeot de B., lors d'un contrôle inopiné à Paris en 2011".
Dans la foulée de l'arrestation des deux policiers soupçonnés de trafic, la police interpelle le trafiquant présumé. Il est gravement blessé lors de l'intervention. La police aurait retrouvé 90 000 euros, divers objets de luxe, une arme de poing et deux fusils dans ses deux résidences. "Il est soupçonné d'avoir écoulé une partie de la cocaïne importée de République dominicaine auprès d'un certain James Hornec, membre de la famille des frères du même nom, présentés comme des parrains de la pègre parisienne", écrit le journal.
Les deux policiers, qui restent présumés innocents, attendent désormais leur procès pour se défendre. Ils resteront en détention provisoire d'ici là.
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