Colonna réaffirme son innocence, la cour délibère
Durant deux heures et demie ce matin, les deux derniers défenseurs d’Yvan Colonna se sont attelés à dénoncer l’enquête et l’instruction "à charge".
Pour Maître Sollacaro, la justice a fait erreur sur la personne en voulant procéder hâtivement pour résoudre l'affaire, alors que le successeur de Claude Erignac, Bernard Bonnet, venait d'être emprisonné pour l'incendie de restaurants de plage, un scandale qui menaçait le gouvernement d'alors. "Le maitre mot de ce dossier, c'est manipulation. Chevènement (Jean-Pierre Chevènement, ministre de l'Intérieur en 1999 - NDLR) a fait de la manipulation pour protéger son préfet qui brûlait", affirme l'avocat dans sa plaidoirie.
"Il suffisait que Colonna parle pour que Colonna mente", explique maître Gilles Simeoni, pour qui le berger de Cargèse "n’aime pas la Corse jusqu’à tuer un homme".
Après l’assassinat du préfet de Corse le 6 février 1998, pour "l'Etat, monstre froid, il fallait briser, il fallait casser, rappeler que, de violence légitime, il n'y en a qu'une", ajoute l’avocat. Pour ce drame, comme pour l'attaque de la gendarmerie de Pietrosella en septembre 1997, "on a introduit le nom de Colonna comme un faussaire". "On nous demande de donner la preuve que le nom de Colonna a été suggéré" par les enquêteurs, "nous sommes dans une position impossible", analyse maître Simeoni.
Si plusieurs membres du commando l'ont dénoncé en garde à vue, c'est "qu'ils en ont protégé d'autres que vous ne connaissez pas", assure-t-il. Avançant d'autres coupables potentiels, comme ces trois hommes qui ont quitté la Corse de manière suspecte juste avant le drame.
Et de s'interroger sur les raisons qui pourraient pousser les juges à ne pas acquitter son client : pour éviter de "porter un coup fatal à la police antiterroriste" dont maître Simeoni dénonce les dysfonctionnements, "pour des raisons de protection de l'institution", "pour ne pas laisser sans réponse la douleur d'une famille ?".
"Ne laissez pas ajouter au drame d'une famille une véritable injustice. Je vous remets Yvan Colonna et je vous demande, dans quelques heures, de le remettre aux siens", a conclu Gilles Simeoni.
Après un mois de procès et un transport sur les lieux dimanche, la cour d'assises spéciale a donné la parole une dernière fois à l'accusé en début d'après-midi : "Au bout d'un mois de procès, je pense avoir répondu sincèrement à toutes les questions qui m'ont été posées. Je n'ai rien d'autre à ajouter, si ce n'est que je réaffirme que je suis innocent", réaffirme Yvan Colonna.
Les sept magistrats professionnels de la cour d'assises spéciale (LIRE NOTRE ENCADRE) se sont retirés à 14h17 pour délibérer. Le verdict est attendu dans la soirée.
Gilles Halais (avec agences)
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