Clearstream : le général Rondot met à mal la défense de Villepin
Le 9 janvier 2004, raconte le général Rondot devant le tribunal correctionnel de Paris, "je me retrouve dans un bureau du ministre des Affaires étrangères, avec M. Jean-Louis Gergorin", l'ancien vice-président d'EADS et le ministre en fonction, Dominique de Villepin. "Je sors mon calepin avec des fiches bristol --personne ne me dit de ne pas le faire-- et je note au fur et à mesure (...) un certain nombre de choses, de noms, dont je ne connais pas la signification immédiate".
M. de Villepin "rappelle d'abord les consignes de lutte anti-corruption qui émanent du président de la République". Puis, "effectivement, le nom de Nicolas Sarkozy est cité, par les uns ou par les autres. Effectivement, Jean-Louis Gergorin évoque un compte couplé sur un certain Bocsa, le liant à Nicolas Sarkozy, je le note sans comprendre".
En ressortant de cette réunion, le militaire se souvient avoir écrit dans ses notes : "belle construction intellectuelle qui accroche Dominique de Villepin". Par ailleurs, l'ancien espion affirme que M. de Villepin s'est alors recommandé d'instructions du président de la République pour enquêter sur cette affaire de réseaux occultes. "J'étais d'autant plus troublé qu'il m'a demandé de ne pas en avertir Michèle Alliot-Marie", la ministre dont il dépend, "sous prétexte que son mari a des liens avec les milieux d'affaire".
Dominique de Villepin a toujours nié avoir su que le nom de Nicolas Sarkozy figurait sur ces listings, de même qu'il réfute s'être recommandé d'instructions présidentielles. Le témoignage du général Rondot est donc extrêmement embarrassant pour sa défense. A plusieurs reprise, M. de Villepin a critiqué "les incohérences" des carnets du conseiller pour le renseignement et les opérations spéciales (Cros), sous tutelle du ministère de la Défense. Selon lui, ces notes "ne retranscrivent pas la réalité historique".
"Ces verbatims retraçaient très précisément les entretiens que j'avais eus", a répondu M. Rondot, droit comme un militaire, apportant pour la première fois en trois semaines de procès une contradiction sérieuse à l'ancien Premier ministre.
En fin de journée cependant, l'avocat de Dominique de Villepin, Me Metzner, a marqué un point important en faisant admettre au général Rondot que l'ancien Premier ministre ne pouvait pas savoir, à l'époque, que les listings étaient des faux.
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