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Clearstream : Imad Lahoud, une "source pourrie" du ministère de la Défense ?

Au troisième jour du procès en appel de l'affaire Clearstream, Dominique de Villepin a répété qu'il ne connaissait pas l'identité, et encore moins le dossier judiciaire d'Imad Lahoud, et qu'il n'a pas protégé le pourvoyeur des listings. Selon lui, si il se retrouve cité par le général Rondot, c'est parce que l'officier voulait sauver une "source pourrie" qu'il espérait exploiter pour arriver jusqu'à Oussama ben Laden.
Article rédigé par franceinfo
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Ses oreilles ont dû siffler. Le général Rondot n'était pas cité à l'audience aujourd'hui, mais il y a été largement présent, et à nouveau, pour ce procès en appel de l'affaire Clearstream, l'homme aux carnets semble être la clé de voûte de ce dossier.

Depuis le début, Dominique de Villepin affirme qu'il ne connaissait pas l'identité de “la source”, qui distillait les noms des fameux listings Clearstream. Il n'aurait jamais entendu parler d'Imad Lahoud : “l'Etat, c'est le respect des règles”, rappelle Dominique de Villepin, ce n'est pas “une affaire de copains qui discutent entre eux”. Et une des règles, c'est que le nom des sources n'est jamais cité : “dans l'esprit du ministre des Affaires étrangères que je suis, “la source”, c'est une source du ministère de la Défense (dont dépendait le général Rondot, NDLR). Si dans une quelconque affaire, le nom d'une source m'avait été donné, pour moi, le dossier s'arrêtait là”.

“Je ne connait pas l'identité et le passé de “la source” Imad Lahoud. Je ne sais pas que c'est un délinquant, qu'il a fait de la prison, que c'est un escroc aux renseignements”, assure Dominique de Villepin. Alors que c'est-il passé le 25 mars 2004, quand Imad Lahoud a été placé en garde à vue dans une affaire d'escroquerie à l'encontre d'un magazine de golf ? Dans sa serviette, les enquêteurs trouvent une copie d'une lettre de Jean-Louis Gergorin, qui fait le lien entre Imad Lahoud et le renseignement français, et en particulier le général Rondot. Dans le dossier, l'officier affirme que Dominique de Villepin, mis au courant, notamment par Jean-Louis Gergorin (ce qu'il nie) l'a appelé pour lui demander de faire libérer “la source”.
_ Ce coup de téléphone est cité dans un document du ministère de la Défense, une “note de couverture”, postérieure aux faits.

L'ombre d'Oussama Ben Laden

Dominique de Villepin ne nie pas avoir appelé le général Rondot ce jour-là. Mais sur un tout autre sujet : les attentats de Madrid, qui ont eu lieu le 11 mars et devait être le sujet d'un Conseil européen. Le général a bien évoqué le fait que la source était en difficulté et que Gergorin avait commis une bourde. Mais Dominique de Villepin s'est contenté de lui lâcher un sibyllin “Faites pour le mieux”, sous entendu : “débrouillez-vous, c'est votre problème”. “Le général Rondot a entendu ce qu'il voulait entendre”, avance Dominique de Villepin.

Aurait-il été manipulé par ce collaborateur d'élite ? Non, répond l'ancien ministre : “il obéissait à un intérêt supérieur”. Et il se lance dans une explication jusqu'ici inédite pour expliquer sa présence dans les documents du ministère de la Défense. Le général se servait d'Imad Lahoud non seulement dans le dossier des listings Clearstream, mais aussi et surtout dans la lutte anti-terroriste. Il espérait que Lahoud conduirait les Français jusqu'à Oussama ben Laden. Un bâton de maréchal pour les services hexagonaux qui, dans ces conditions, ne voulaient surtout pas “couper” Lahoud : “cette source est trop importante pour le ministère de la Défense et la raccrocher au ministère des Affaires étrangères, même par un fil, permet de continuer à l'utiliser”, explique de Villepin. Il n'aurait donc servi que de caution à une “source pourrie” du ministère de la Défense.
_ Sa locataire de l'époque, Michèle Alliot-Marie, aujourd'hui en disgrâce, appréciera sans doute ce coup de pied de l'âne. Le général Rondot, l'“ami”, aussi. Il sera à la barre mercredi pour donner sa version des faits.

Grégoire Lecalot

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