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Ce que l'on sait de la mort d'un homme de 24 ans lors de son interpellation à Beaumont-sur-Oise

Des proches d'Adama Traoré ne croient pas à la version des gendarmes qui assurent qu'il a été victime d'un malaise. Des échauffourées ont éclaté après l'annonce du décès, mardi soir.

Article rédigé par franceinfo
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La gendarmerie de Beaumont-sur-Oise (Val-d'Oise), photographiée en septembre 2013 par le service Google Street View. (GOOGLE MAPS)

De fortes tensions opposent la gendarmerie et les habitants des communes de Beaumont-sur-Oise et Persan (Val-d'Oise), depuis l'annonce, mardi 20 juillet, de la mort d'un jeune homme interpellé par la gendarmerie. Selon le procureur de la République de Pontoise, Adama Traoré, 24 ans, est mort "à la suite d'un malaise" au moment de son interpellation mais ses proches ne croient pas cette version des faits.

Des incidents ont opposé les gendarmes et une centaine de jeunes dans les deux communes dans la nuit ; mercredi, alors qu'ils étaient rassemblés devant la gendarmerie, des soutiens de la famille du jeune homme ont été dispersés par les gendarmes. Francetv info revient sur ce que l'on sait de ce décès et des incidents qui ont suivi. 

Jeudi, le procureur a dévoilé les conclusions de l'autopsie : Adama Traoré souffrait "d'une infection très grave (...) touchant plusieurs organes", et son corps portait "des égratignures" mais pas de traces de violences jugées "significatives".

Comment les autorités expliquent-elles le décès ?

Interrogé par l'AFP, le procureur de la République de Pontoise, Yves Jannier, a expliqué que le jeune homme était suspecté dans une affaire d'extorsion de fond. Mais, selon une source proche de l'enquête toujours citée par l'AFP, Adama Traoré se serait en fait interposé lors de l'interpellation de son frère, le véritable suspect recherché dans cette affaire, avant d'être lui-même interpellé. Une information que relaie égalemenent une journaliste de France 3.

Le Parisien, citant aussi le procureur, évoque également le chef d'accusation d'agression à domicile.

Interpellé par les gendarmes vers 18 heures, mardi, à Beaumont-sur-Oise, il a fait un malaise "pendant le trajet dans le véhicule" vers la gendarmerie, a expliqué le procureur. "Immédiatement alertés", les pompiers sont intervenus "à proximité ou dans la cour de la gendarmerie pour lui porter secours", mais n'ont pas pu le ranimer.

Le préfet devait tenir une conférence de presse, mercredi après-midi, à la mairie de Persan. Mais celle-ci a été annulée, à cause de l'irruption à la mairie de jeunes en colère, selon un journaliste de France Culture.

Une information judiciaire a été ouverte et une enquête "sur les circonstances du décès" sera menée conjointement par la Section de recherches et l'inspection générale de la gendarmerie, a détaillé le procureur de Pontoise. Une autopsie a eu lieu, mercredi en fin de journée, dont les résultats devraient être connus jeudi en fin de journée.

Pourquoi la famille conteste-t-elle cette version des faits ?

Baguy Traoré, frère du jeune homme, a affirmé à i-Télé qu'il était présent au moment de l'interpellation par les gendarmes. "Ils l'ont coursé et ils l'ont frappé", assure-t-il. Lui aussi interpellé, il était présent à la gendarmerie : "Arrivé à la gendarmerie, mon frère est mort (…) Je l'ai vu moi, il était pour mort et encore menotté (…) Ils étaient autour de lui, mon frère ne bougeait plus." 

Hassa Traoré, une de ses sœurs, s'interroge, elle, sur le déroulement des faits. "Les horaires ne correspondent pas du tout à la réalité. A 21 heures, on me dit que mon frère a fait une crise à la gendarmerie. Ma famille se rend à l'hôpital, mon frère n'est pas présent, a-t-elle expliqué à BFMTV. Ils se rendent à la gendarmerie, ils lui disent que mon frère est là et qu'il va très bien. A 23 heures, ils rappellent ma famille en disant que mon frère est mort". Elle assure que Baguy Traoré et sa petite-amie ont vu des policiers donner des coups à Adama Traoré et que la jeune femme a elle-même été frappée quand elle a tenté de s'interposer. "Il a été assassiné", conclut-elle.

Mercredi après-midi, des proches de la victime et des activistes dénonçant les violences policières se sont rendus à la mairie de Persan, où devait se tenir une conférence de presse du préfet, pour demander à voir le corps du défunt et faire connaître leur version des faits. Ils ont affirmé qu'il existait des témoins de l'arrestation d'Adama Traoré, mais ceux-ci n'étaient pas présents : "Ils sont sous le choc, ils ne vont pas se montrer", a expliqué un des jeunes aux journalistes. Mercredi en fin de journée, selon une militante présente au côté des proches d'Adama Traoré, un frère du jeune homme a été reçu par la maire de Beaumont-sur-Oise, qui lui a promis d'apporter "des éléments de réponse" jeudi.

Que s'est-il passé mardi soir et mercredi ?

Après l'annonce de la mort d'Adama Traoré, mardi soir, des affrontements ont éclaté à Beaumont-sur-Oise et à Persan, la commune voisine, impliquant une centaine de personnes selon la préfecture. Celle-ci a constaté "des dégradations" et "des incendies volontaires". Selon la maire de Beaumont-sur-Oise, neuf véhicules ont été incendiés et quatre bâtiments publics dégradés dans la commune.

La préfecture affirme aussi que des gendarmes intervenant à Beaumont-sur-Oise ont été la cible de tirs, "a priori d'armes à feu potentiellement au plomb". Cinq gendarmes ont été légèrement blessés. Une jeune, "majeure" et "connue des services de gendarmerie", a été interpellée.

Un "dispositif de sécurisation renforcé" doit être mis en place mercredi dans la soirée, a indiqué la préfecture. Mercredi, quelques dizaines de jeunes proches d'Adama Traoré et des militants contre les violences policières se sont rendus devant la gendarmerie de Beaumont-sur-Oise. Leur rassemblement a été dispersé par les gendarmes.

A l'issue d'une rencontre avec la famille d'Adama Traoré, la préfecture du Val-d'Oise a annoncé la tenue d'une marche blanche entre Persan et Beaumont-sur-Oise, mercredi 27 juillet.

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