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Ce que l'on sait de la disparition en Vendée de Karine Esquivillon, une femme de 54 ans qui n'a plus donné de nouvelles depuis fin mars

La gendarmerie a diffusé un appel à témoins. Le parquet de La Roche-sur-Yon a ouvert mi-avril une information judiciaire pour "enlèvement et séquestration", tandis que son mari parle d'un "départ volontaire".
Article rédigé par Violaine Jaussent, Catherine Fournier
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Karine Esquivillon a disparu le 27 mars 2023 au lieu-dit La Malnoue, près de Maché (Vendée). (France info)

Elle n'a donné "aucune nouvelle" depuis le 27 mars. Karine Esquivillon (ou Pialle, son nom d'épouse) a disparu en Vendée. Pour tenter de la retrouver, la gendarmerie nationale a diffusé un appel à témoins le 9 mai. Cette disparition est considérée comme inquiétante par la procureure de la République de La Roche-sur-Yon, qui a ouvert, dès le 17 avril, une information judiciaire contre X pour "enlèvement et séquestration". Le mari, qui a été placé en garde à vue le 14 juin, s'était dit, lui, convaincu que sa femme était "partie volontairement", comme il l'a affirmé à France Télévisions lundi 22 mai. Voici ce que l'on sait de cette affaire et de ses zones d'ombre.

Son mari a signalé sa disparition au bout d'une semaine

D'après l'appel à témoins diffusé par les gendarmes de la section de recherches de Nantes, chargés de l'enquête, Karine Esquivillon a disparu le lundi 27 mars, vers 16h30, au lieu-dit La Malnoue, situé à 2 kilomètres de Maché, une petite commune rurale de 1 500 habitants, au cœur de la Vendée. C'est là que cette femme de 54 ans, "mince", aux cheveux "noirs, mi-longs, frisés", vit, avec son mari, Michel Pialle, et leurs trois enfants, dont deux sont encore jeunes, selon France 3 Pays de la Loire. Karine Esquivillon est également mère de deux autres enfants, issus d'une première union.

L'appel à témoins lancé par les gendarmes de la section de recherches de Nantes (Loire-Atlantique), le 9 mai 2023. (GENDARMERIE)

Karine Esquivillon "était au moment de son départ habillée d'un pull gris, d'un pantalon noir, d'un manteau noir et portait un sac à main noir avec chaîne", précise l'appel à témoins. Pour l'instant, on n'en sait pas davantage sur les circonstances de sa disparition.

Son mari ne l'a signalée que le 3 avril, soit une semaine plus tard. Selon lui, le couple était "séparé" depuis quatre ans, mais vivait "sous le même toit". "On s'est vite rendus compte qu'elle aurait eu du mal à assumer financièrement seule la maison", a-t-il expliqué, face caméra, à France Télévisions, précisant qu'elle avait arrêté de travailler pour s'occuper de leur fils atteint d'un handicap auditif.

"Le jour où elle est partie", assure-t-il, "elle m'a dit qu'elle ne viendrait pas avec moi au collège" pour aller chercher les enfants. Il assure que son épouse s'est volatilisée alors qu'il était parti récupérer le chat dans le jardin. Il dit avoir reçu juste après un SMS : "Marre de vivre à deux mais pas en couple, je vais chercher quelque chose, je reviens vers toi pour les enfants."

Son téléphone retrouvé intact sans carte SIM

Le 9 avril, le maire de Maché, Frédéric Rager, a retrouvé le portable de Karine Esquivillon, alors qu'il était en balade en famille à 2 kilomètres du domicile du couple, rapporte France 3 Pays de la Loire. Le téléphone était dans un fossé, "très propre, sec", "il s'allumait et avait un niveau de batterie confortable", raconte l'édile. En revanche, la carte SIM avait été retirée. Michel Pialle affirme que sa femme a envoyé des SMS "jusqu'au 31 mars" pour leur dire de ne pas s'inquiéter.

Vendée : l’inquiétude après la disparition de Karine Esquivillon
Vendée : l’inquiétude après la disparition de Karine Esquivillon Vendée : l’inquiétude après la disparition de Karine Esquivillon (France info)

"On connaît cette famille puisqu'elle réside depuis une vingtaine d'années sur la commune, mais ce sont des gens très discrets qui vivent éloignés du bourg. On ne les voyait quasiment jamais", a déclaré Frédéric Rager à France Bleu Loire Océan. "La gendarmerie enquête. C'est forcément quelque chose qui interroge et inquiète. Tout ce que j'espère, c'est que l'issue soit heureuse." Dans sa ville et aux alentours, de nombreuses investigations ont été menées. D'importants moyens ont été engagés au début des recherches : des équipes cynophiles ont été déployées, des plongeurs chargés de sonder les zones humides et des techniciens d'identification criminelle dépêchés, précise à franceinfo la gendarmerie.

Sa sœur et son fils ne croient pas à une disparition volontaire

"C'est une personne plutôt peureuse, qui aimait bien être chez elle avec ses enfants", a décrit la sœur de Karine Esquivillon. Sur BFMTV, Adélaïde Esquivillon l'assure : elle ne voit pas sa sœur "partir en plein après-midi comme ça avant que ses enfants ne rentrent de l'école". "Ça ne correspond pas à ma sœur (...) C'est une maman aimante qui faisait tout pour sa famille, pour son foyer", poursuit-elle, des sanglots dans la voix. Adélaïde Esquivillon se dit "très inquiète" et a "un mauvais ressenti".

Le fils aîné de la disparue, issu d'un premier mariage, parle aussi, dans Le Parisien, d'une maman "casanière" et "un peu trouillarde". "Cela me paraît impossible que ma mère ait pu partir en laissant les deux petits derniers", affirme-t-il. "Je n'ai plus de nouvelles d'elle, même pas un message pour mon anniversaire alors que j'ai une relation fusionnelle avec elle", abonde, dans Le Figaro, une des filles de la disparue.

Son mari affirme qu'elle est "partie volontairement"

Avant d'être placé en garde à vue, le 14 juin, le mari de Karine Esquivillon a enchaîné les interviews pour donner sa version des faits. Michel Pialle martèle que sa femme est partie volontairement. "Elle a pris de l'argent, son portefeuille, son sac à main", énumère-t-il auprès de France Bleu Loire Océan. "Un tas de choses, qu'elle avait déjà préparé d'avance, je pense." Il développe sa théorie sur les départs volontaires face à la caméra de France 3 Pays de la Loire : "Si elle veut refaire sa vie, qu'elle nous le dise, certes ça va nous prendre des mois, voire quelques années de thérapie entre guillemets, même pour les enfants avec des pédopsychiatres, pour digérer, mais on ne la jugera pas, c'est son choix. Mais au moins, on sera tous rassurés et libérés", déclare-t-il depuis son salon.

Sur sa page Facebook, désormais consacrée à la disparition de sa femme, il enjoint les internautes à partager l'appel à témoins "partout et particulièrement dans le sud de la France endroit""elle souhaitait aller". Mais il est aussi la cible de certains groupes, qui le présentent comme le suspect numéro 1 : "Des rumeurs disent que je suis un tueur, qu'il faut fouiller mon jardin, alors que cela a déjà été fait. Les enquêteurs ont passé des produits partout, ils ont même plongé dans mon puits, ils ont tout vérifié", assure-t-il auprès de France Bleu. "Si quiconque rentre chez moi ou prend des photos des enfants, il y aura directement une plainte", prévient-il. Les enquêteurs, eux, poursuivent leurs investigations à la recherche de la disparue, assure la procureure à franceinfo, qui ne souhaite pas communiquer sur les personnes entendues dans cette affaire. 

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