Brétigny-sur-Orge : les différentes hypothèses
"Le train tressautait comme s'il y avait eu une erreur d'aiguillage, mais ça ne faisait que s'amplifier. Il y avait beaucoup de bruit, de poussière" , raconte une passagère. "Il y a eu un freinage brutal, j'ai cru que le train passait sur quelque chose" , explique une autre.
Le premier wagon roule sans problème. Mais, pour une raison encore inconnue, les deux suivants déraillent, entraînant rapidement les quatre autres derrière. "On a ressenti un premier choc, la voiture dans laquelle je me trouvais - la troisième ou la quatrième, je ne sais plus - a été ébranlée. Il y a eu tout de suite un deuxième choc. Là, la rame s'est soulevée, puis un troisième et un quatrième et le wagon s'est couché."
François Hollande s'est rendu sur place dans la soirée. "Ce qui m'a été dit c'est qu'il y aurait eu un choc, reste à savoir sa nature. C'est l'enquête qui le dira. Il n'y avait pas eu de travaux ces derniers jours, donc ce n'est pas un ouvrage qui aurait été abîmé au cours de ces travaux. Evitons toute polémique inutile." Trois enquêtes ont effectivement été diligentées : une sous l'autorité de la justice, une du ministère des Transports et une troisième de la SNCF.
Un choc suivi d'un déraillement
Que s'est-il donc passé, en gare de Brétigny-sur-Orge ? Selon le président de la SNCF, une collision a été évitée . Guillaume Pépy a rendu hommage aux cheminots "qui ont permis d'arrêter le train et d'éviter qu'il ne percute un autre train qui venait en sens inverse" .
Serait-ce ce freinage brutal qui aurait été fatal aux mécaniques ? Plusieurs hypothèses se font jour. Et d'autres sont déjà évacuées d'un revers de main.
Une vitesse excessive ? Les trains peuvent rouler jusqu'à 140 km/h, rien de plus normal. Les trains grandes lignes ne roulent pas sur les voies du RER, et vice-versa. Et si le train avait roulé trop vite à l'entrée de la gare, il aurait été immédiatement stoppé par le système de sécurité, selon Fabian Tosolini, de la CFDT cheminots.
Le train "roulait à 137 km/h, pour une vitesse limite de 150 km/h" , a révélé dans la soirée Frédéric Cuvullier, le ministre des Transports.
Un rail cassé ? Pas possible. "En ce cas tous les feux passent au rouge et les trains sont stoppés" , explique Bruno Borgialli, conducteur de train et représentant Sud-Rail.
Un problème d'aiguillage ? Pas possible non plus. Ceux-ci sont automatiques, et ils sont pourvus d'installations de sécurité.
Toujours est-il que le déraillement a eu lieu à hauteur d'un aiguillage, a précisé Guillaume Pépy... "Quand il y a un déraillement, le problème vient soit des roues, soit du rail."
Un obstacle sur la voie ? Impossible ou presque. Il n'y a qu'à se souvenir des collisions qui se produisent parfois à des passages à niveau : le train déraille rarement.
Des voies fatiguées ? Il y a bien eu, récemment, des travaux sur les voies à Brétigny. Des travaux sur un aiguillage après la découverte d'une défaut majeur de nivellement. Les travaux ont-ils été mal faits ? La SNCF explique que, surtout, ils n'ont pas eu lieu là où le train a déraillé. Ou alors, les voies auraient-elles été soumises à trop de passage de trains, ce qui aurait pu distendre leur écartement, voire même provoquer un effondrement de terrain ?
Fissure, usure, casse
Quelles sont les hypothèses les plus sérieuses ? Selon des experts consultés par l'AFP, il peut s'agir d'une "fissure non détectée sur un rail, d'un problème de soudure ou d'usure" .
Ou tout simplement de la casse sur un élément de liaison entre les voitures. Ou un essieu qui lâche - plus précisément, la pièce métallique carrée qui tient les roues, le bogie ; mais normalement il il y en a deux par voiture : si le premier casse la voiture s'affaisse... et c'est tout.
Reste une dernière hypothèse - invraisemblable, mais on ne sait jamais : un acte de sabotage...
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