Banon/DSK : la parquet reconnaît l'agression sexuelle mais classe sans suite
Les faits dont Tristane Banon accusait Dominique Strauss-Kahn remonte à 2003. Une rencontre pour interview qui tourne mal. Qui vire à "la tentative de viol", aux dires de la jeune femme. Après avoir tu l'épisode, puis l'avoir évoqué à mots couverts en 2007, dans l'émission "93, faubourg Saint-Honoré" de Thierry Ardisson, elle se décide à parler, après la retentissante affaire du Sofitel de New York le 15 mai dernier. Et porte plainte le 4 juillet, effectivement pour tentative de viol.
Tentative de viol : ce chef d'accusation est prescrit au bout de 10 ans. L'agression sexuelle elle constitue un délit, et sa prescription est de trois ans. C'est ce chef-là que le parquet de Paris a retenu.
- "A l’issue de l’enquête confiée à la Brigade de Répression de la Délinquance contre la Personne (BRDP), il ressort que si faute d’éléments de preuve suffisants, les poursuites ne peuvent être engagées du chef de tentative de viol, des faits pouvant être qualifiés d’agression sexuelle sont quant à eux reconnus ", écrit le parquet dans son communiqué. La plainte est classée sans suite, mais DSK est aux yeux de la justice... un présumé délinquant.
"Une demi-victoire"
Le parquet avait précédemment, le 29 septembre, convoqué une confrontation entre les deux protagonistes à la BRDP de Paris.
_ DSK, entendu deux semaines plus tôt, avait concédé avoir fait "des avances" à la jeune femme. Mais nié toute violence. Pour lui, la scène relatée était "imaginaire".
Las, la romancière de 32 ans admettait il y a quelques jours sur TF1 que plus de huit ans après, "la preuve matérielle [de la tentative de viol] n'existe pas". Néanmoins, son avocat David Koubbi estime ce soir que la reconnaissance de "l'agression sexuelle" par la justice est une première victoire "puisqu'au terme de cinq mois d'une bataille acharnée, il est établi sans réserve que son dossier n'est pas 'vide' et que les faits qu'elle a dénoncés ne sont pas 'imaginaires'", dit-il dans un communiqué.
Première victoire ? "Demi-victoire", corrige Olivia Cattan, présidente de l'association Paroles de Femmes, qui plaide pour l'allongement du délai de prescription dans les cas d'agression sexuelle.
Plusieurs organisations féministes appellent à un rassemblement devant le Palais de justice de Paris à 19h.
DSK et ses conseillers pourtant ne se démontent pas. L'avocate Me Frédérique Beaulieu sur BFMTV a estimé que son client était "totalement blanchi" : "Quand quelqu'un fait l'objet d'une plainte et que cette plainte est classée sans suite, ça veut dire qu'il n'y a pas lieu de poursuivre la personne. Cela s'appelle être blanchi ".
Et après ?
Quelle suite donnera donc la jeune femme à cette décision ? Elle avait prévenu que si cette plainte était classée, elle en déposerait immédiatement une seconde avec constitution de partie civile, ce qui entraîne alors mécaniquement la désignation d'un juge d'instruction.
Tristane Banon en effet, après avoir attendu tant d'années, avant de dénoncer publiquement DSK, entend ne pas en rester là. Elle publie aujourd'hui même Le bal des hypocrites , ouvrage présenté comme le "J'accuse" d'une femme meurtrie par sa maison d'édition le Diable Vauvert. Sa version des faits, son traumatisme et les raisons de sa dénonciation tardive. 126 pages toutefois sans jamais citer son agresseur présumé.
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Extrait : "L'Affaire, c'est juste une vie qu'on a jetée à la poubelle. Seulement ma vie que l'on a cassée comme on déchire un dessin raté".
Cécile Quéguiner, avec agencesOeuvres liées
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