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Attaque mortelle à Paris : c'est un "attentat terroriste", dénonce le Conseil démocratique kurde de France "endeuillé et en colère"

Le porte-parole du Conseil démocratique kurde de France explique avoir demandé "il y a une dizaine de jours" des mesures de protection aux autorités françaises.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Agit Polat, le porte-parole du Conseil démocratique kurde de France, le 23 décembre 2022 après l'attaque près d'un centre culturel kurde qui a fait trois morts. (THOMAS SAMSON / AFP)

"Nous sommes endeuillés et en colère", déclare samedi 24 décembre sur franceinfo Agit Polat au lendemain de la mort par balles de trois personnes près d'un centre culturel kurde dans le 10e arrondissement de Paris. Le porte-parole du Conseil démocratique kurde de France rencontre dans la matinée, avec d'autres représentants de la communauté kurde, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez. Agit Polat voit dans cette attaque "un attentat terroriste". La communauté kurde doit se rassembler à la mi-journée, place de la République à Paris.

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franceinfo : Quel est votre message à la communauté kurde au lendemain de cette attaque à main armée ?

Agit Polat : Nous sommes endeuillés, nous sommes en colère, nous sommes attristés par cet horrible attentat qui est survenu hier. Effectivement, nous appelons au calme, à la retenue, au contrôle vis-à-vis de notre communauté qui est tout autant en colère et donc il faut faire avancer au plus vite l'enquête afin d'éclaircir et d'élucider cette affaire qui est, pour nous, politique et à caractère terroriste.

Pour l'instant l'enquête n'en est pas là. On ne peut pas dire aujourd'hui que le suspect interpellé et actuellement en garde à vue visait la communauté kurde. Comment pouvez-vous en être certain ?

Parce qu'il s'agit du 10ᵉ anniversaire de trois assassinats qui sont survenus le 9 janvier 2013 (trois militantes kurdes du Parti des travailleurs du Kurdistan). Nous sommes certains parce que tout simplement, il y a un processus politique très délicat que nous, en tant que peuple, nous traversons. Et c'est pourquoi on sait que, quand il s'agit de Kurdes, on ne peut pas seulement de toute façon décrire cette situation à travers une simple attaque d'une personne membre de l'extrême droite. Ça fait 40 ans que nous sommes maintenant en tant que structure implantée en France sur le territoire national. À aucun moment nous avons eu un problème avec les membres de l'extrême droite en France.

Est-ce qu'il se passait quelque chose de particulier dans ce centre culturel kurde hier, qui aurait pu être un motif d'action comme vous le pensez ?

Il y avait une réunion initialement prévue pour les préparatifs du 9 janvier, à l'occasion du 10ᵉ anniversaire du triple assassinat de ces militants kurdes. Il est certain pour nous que cette personne a eu cette information et a voulu s'en prendre afin de causer beaucoup plus de dégâts en ce qui concerne les victimes actuelles.

Qui sont les victimes ?

L'une d'entre elles était l'une des responsables du mouvement des femmes kurdes de France qui avait une certaine responsabilité plus large à l'échelle du mouvement des femmes kurdes du monde entier. Dans ce sens, ce n'est pas une cible qui a été prise au hasard pour nous. La deuxième victime est un membre actif de notre association, un chanteur, un artiste kurde exilé en France, sous la protection de la France. La troisième personne venait quasi-quotidiennement fréquenter notre association.

Aujourd'hui, vous ne comprenez pas que le parquet national antiterroriste ne soit pas saisi de l'enquête à ce stade ?

C'est frustrant et indignant pour nous. Parce qu'on sait que ce parquet arrive très bien à se saisir, en tout cas des affaires qui sont beaucoup moins dangereuses que celles-ci. Comment se fait-il qu'aujourd'hui, dans une structure très politique comme la nôtre, dans le caractère du profil très politique des victimes, comment se fait-il que ce même parquet n'arrive pas à se saisir de cette affaire ? C'est frustrant, c'est incompréhensible.

Quelles vont être vos remarques adressées au préfet de police de Paris que vous rencontrez ce samedi matin ?

On a fait à de multiples reprises des demandes de protection, en vain. Il y a seulement une dizaine de jours, on a essayé d'alerter les autorités et d'informer que nous avions des préoccupations très sérieuses quant à notre sécurité, en lien avec le climat très tendu actuellement en Turquie et avec le mouvement kurde, et d'autre part à l'approche du 10ᵉ anniversaire des dossiers triple assassinat. Donc, on a fait ces demandes, mais personne ne nous a pris au sérieux et personne, en tout cas, a assuré notre sécurité dans ce sens-là.

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