Procès des attentats de janvier 2015 en visioconférence : Safya Akorri, avocate de la défense, dénonce "une négation de l'humanité et de la dignité dans la justice"
L'avocate dit regretter la décision du ministre de la Justice qui autorise la poursuite du procès avec un accusé en visioconférence.
"L'état d'urgence ne permet pas tout et en tout cas pas l'usage de la visioconférence en cour d'assises", a réagi lundi 23 novembre sur franceinfo Safya Akorri une des avocats de la défense au procès des attentats de janvier 2015. Elle réagissait après la publication d'une tribune publiée dans le journal le Monde qui a été signée par l’ensemble des avocats de la défense au procès des attentats de janvier 2015 proteste contre l’ordonnance signée par le garde des sceaux, Eric Dupond-Moretti, qui permet de poursuivre l’audience avec un accusé en visioconférence alors que l'un des accusé est positif au Covid-19. "Il est inenvisageable que, parce que nous sommes dans l'état d'urgence sanitaire, on torde les principes les plus fondamentaux à ce point-là", poursuit-elle.
"J'ai prêté serment et je crois en ce serment que j'ai prêté, je crois en la robe que je porte", affirme Safya Akorri. "Je ne me pardonnerai jamais de rester dans cette salle avec cette robe que j'estime beaucoup trop et d'être complice de quelque chose qui serait vraiment une négation de l'humanité et de la dignité dans la justice." Avec cette éventualité d'un procès en visioconférence, l'avocate estime être prise "en otage entre les mandats que nos clients nous donnent, qu'ils soient victimes, meurtries ou qu'ils soient accusés dans le box et détenus, et nos principes et notre serment".
"Tant que la visioconférence sera utilisée, ce sera sans moi."
Safya Akorrià franceinfo
Safya Akorri avoue sa déception face à la position du ministre de la Justice qui a proposé de poursuivre l'audience en visioconférence. "C'est un confrère que j'ai admiré et estimé, qui fait partie de ces confrères dont j'ai lu les livres quand j'étais étudiante, qui m'ont donné envie de faire du droit pénal, dont les principes étaient chevillés au corps." Aujourd'hui, elle ne comprend pas "comment il n'est pas du ressort de notre garde des Sceaux de protéger ce principe de base qui est la dignité d'humanité de l'audience pénale criminelle".
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