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Marche républicaine pour "Charlie Hebdo" : la polémique sur la présence du FN en 6 actes

Dix partis politiques, les principaux syndicats et des associations de défense des droits de l'homme appellent à une "marche républicaine silencieuse" dimanche en hommage aux victimes. Mais le Front national, qui n'a pas été convié à cette réunion, dénonce son "exclusion".

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marine Le Pen, la présidente du FN, le 22 décembre 2014 sur les Champs-Elysées, à Paris. (MICHAEL BUNEL / NURPHOTO / AFP)

Le Front national doit-il participer à la "marche républicaine" prévue dimanche en mémoire des victimes de l'attentat contre Charlie Hebdo ? C'est la question qui se pose pour les partis qui préparent, jeudi 8 janvier, ce défilé au nom de l'unité nationale. Elle s'est transformée en polémique, alors que la présidente du FN, Marine Le Pen, dénonce son "exclusion" de cette marche.

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Acte 1 : les partis de gauche décident d'organiser un rassemblement

L'idée d'un rassemblement est lancée mercredi soir par les partis de gauche. Sont présents le Parti socialiste, le Parti communiste français, Europe Ecologie-Les Verts, le Mouvement républicain et citoyen, le Parti radical de gauche et le Parti de gauche, selon le PS et EELV. Selon plusieurs sources, les participants se mettent d'accord sur une "marche républicaine et silencieuse" de tous les partis républicains.

Marine Le Pen sera-t-elle conviée ? Le Premier ministre, Manuel Valls, interrogé sur le sujet jeudi matin sur RTL, reste flou : "Ce qui m'importe, c'est que nous appréhendions ces individus et c'est l'unité nationale, parce que c'est la seule réponse possible. Mais l'unité nationale, c'est aussi autour des valeurs. Des valeurs profondément républicaines, de tolérance, de refus d'amalgames."

Acte 2 : Marine Le Pen annonce qu'elle n'est pas conviée

La présidente du FN sera reçue vendredi matin à l'Elysée par François Hollande, mais jeudi matin, elle dit toujours attendre que le Premier ministre l'appelle pour lui proposer de participer à la marche. "Nous ne sommes (...) pas conviés" à la réunion préparatoire, déclare Marine Le Pen à l'AFP.

Acte 3 : l'UMP et les centristes rejoignent le mouvement

Nicolas Sarkozy, reçu jeudi matin à l'Elysée, pose ses conditions : "Cette manifestation doit se faire dans un climat de recueillement, de rassemblement, exprimer une grande force." Mais il accepte finalement d'y participer. L'UMP, l'UDI, le MoDem et Debout la France annoncent aussi leur participation au rassemblement.

Acte 4 : Marine Le Pen dénonce son exclusion

Dans l'après-midi, Marine Le Pen dénonce son "exclusion" de la "marche républicaine". "Les choses sont claires. Ils déclarent" que le FN n'est pas le bienvenu, "à l'issue d'une réunion, où ont été invités l'ensemble des partis politiques sauf le FN. Il n'y a plus d'union nationale, elle a disparu de leur fait", accuse la patronne du FN.

"L'idée lancée par le président de la République d'une union nationale dont serait exclu un parti qui représente 25% des Français transforme cette union nationale en une vaste escroquerie politicienne", juge-t-elle. "Ils prendront leurs responsabilités aux yeux des Français d'avoir divisé dans un moment tel que celui-là, d'avoir menti aux Français et de tenter de récupérer une émotion qui avait lié la nation toute entière pour en faire une manif 'UMPS'", lance encore l'eurodéputée.

Acte 5 : l'UMP et le MoDem s'opposent à l'exclusion du Front national

Interrogé sur le Front national, l'ancien Premier ministre François Fillon estime qu'on ne peut "pas parler d'unité nationale en excluant plusieurs millions de Français". Puis le secrétaire général de l'UMP affirme lui aussi que sa formation est "unanime" pour s'opposer à l'exclusion du FN de la "marche républicaine".

"On ne pourrait pas comprendre que certains Français soient exclus, quelles que soient nos différences", juge Laurent Wauquiez, à l'issue d'une réunion exceptionnelle du bureau politique de l'UMP jeudi après-midi. "Si c'est une manifestation d'unité nationale, elle est par définition ouverte à tous les Français. On ne pourrait pas comprendre qu'on exclue", martèle l'ancien ministre.

En début de soirée, le président du MoDem, François Bayrou, juge que c'était "une mauvaise décision d'exclure qui que ce soit". "L'unité nationale, pour exister, doit se donner comme règle qu'on n'exclut personne", déclare à l'AFP le maire de Pau.

Acte 6 : "Vient qui veut", dit le premier secrétaire du PS

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, déclare finalement jeudi soir sur BFMTV que "vient qui veut et qui se sent concerné" par la "marche républicaine" de dimanche.

"Les partis républicains viennent d'adopter (...) un texte pour une marche républicaine. Vient qui veut et qui se sent concerné. Point à la ligne", a dit le responsable socialiste, en soulignant qu'il s'agira d'une "manifestation d'unité nationale, une manifestation digne, respectueuse".

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