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Les commémorations des attentats se terminent dans la grisaille

L'hommage rendu aux victimes des attentats en présence de François Hollande, d'Anne Hidalgo et de nombreux membres du gouvernement n'a attiré que peu de participants, près d'un an après la manifestation massive du 11 janvier 2015. Reportage.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
La place de la République à Paris, le 10 janvier 2016. (CITIZENSIDE / ANNE-CHARLOTTE COMPA / AFP)

Montrer le contenu de son sac. Patienter. Puis se faire fouiller. L'accès à la place de la République, à Paris, est très sécurisé, dimanche 10 janvier. Ce lieu de rassemblements et d'hommages spontanés après les attentats de janvier 2015, puis ceux du 13-Novembre, a été choisi par le chef de l'Etat et la maire de Paris pour la cérémonie d'hommage aux victimes, point final d'une semaine de commémorations.

La place est barricadée. Compartimentée. A gauche, une petite scène sous un chapiteau blanc et les personnalités, politiques pour la plupart. A droite, les rescapés des attentats et les familles ou proches de victimes. Environ 2 500 personnes ont répondu à l'invitation, selon nos informations. Derrière se trouve l'espace réservé au public. Le contraste est saisissant avec l'image du 11 janvier 2015, lorsque des milliers de Français s'étaient rassemblés à Paris contre le terrorisme, dans une ambiance chaleureuse et combative.

"Cette année, on est dans le souvenir, la mémoire"

Le seul bruit perceptible est celui des conversations à voix basse. Il parcourt une assemblée qui se tient debout, encore engourdie sous le ciel gris et froid de cette fin de matinée. L'ambiance est solennelle : ceux qui ont fait le déplacement, jeunes et moins jeunes, sont venus pour se recueillir. 

Les hommages, plus ou moins personnels, sont appréciés. Jeune Française qui vit à Montréal (Canada), Amandine rencontre beaucoup de succès, y compris sur les réseaux sociaux. Elle a écrit sur un tissu le prénom de toutes les victimes des attentats perpétrés en 2015 et le porte comme une cape.

Si l'émotion est là, la foule reste clairsemée. L'état d'urgence est toujours en vigueur, certains ont peur des rassemblements. Pour les autres, c'est l'organisation de la cérémonie qui ne plaît pas.

"Les Parisiens ne sont pas toujours du matin"

Premier faux pas : l'interprétation d'Un dimanche de janvier par Johnny Hallyday. La chanson a beau avoir été écrite par Jeanne Cherhal, pour certains, le choix du chanteur ne passe pas. "Ça correspond tellement peu au personnage de Charb, c'est ça qui est choquant !", avait dénoncé le dessinateur Siné, ancien collaborateur de Charlie Hebdo, mercredi, sur francetv info. Même la veuve de Georges Wolinski, dessinateur de l'hebdomadaire, l'a critiqué sur France 3.

Pour d'autres, l'interprétation du Temps des cerises par le chœur de l'armée française n'est pas appropriée. Ecrite en 1866, la chanson est fortement associée à la Commune de Paris de 1871. Seul le texte de Victor Hugo fait l'unanimité. Prononcé à l'adresse des Parisiens le 5 septembre 1870, au lendemain de la proclamation de la Troisième République, il sonne encore juste dans le contexte actuel.

11h20. La cérémonie est terminée. Les barrières sont levées une à une. De petits groupes se forment et entre eux, des espaces vides. Soudain, la foule se rassemble. "Qu'est-ce qui se passe ?", demandent quelques personnes. Anne Hidalgo, la maire de Paris, traverse la place. Et elle a cette formule maladroite débitée en direct sur iTélé pour justifier la faible mobilisation populaire : "C'est le matin et les Parisiens ne sont pas toujours du matin." "Je pense que dans l'après-midi, beaucoup de Parisiens seront là", ajoute-t-elle.

Musique mélancolique et extraits de discours politiques

Mais à 14 heures, les Parisiens ne sont pas nombreux au rendez-vous. Souvent sous la pluie, la sono de la scène installée le matin crache des morceaux de musique mélancoliques et des extraits de discours politiques prononcés après les attentats de novembre.

C'est dans cette drôle d'ambiance que le collectif des 17 Plus jamais distribue les paroles des chansons Alter Ego, de Jean-Louis Aubert, et d'Un jour au mauvais endroit de Calogero. Les membres de ce collectif entretiennent le mémorial qui s'est progressivement installé autour de la statue de Marianne. 

Ils peinent à mobiliser la centaine de personnes présentes. Des problèmes techniques perturbent la diffusion des chansons. Et lorsqu'ils crient dans le micro : "Plus jamais ça ! Plus jamais ça !", leur voix, enrouée, se perd dans la grisaille. 

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