"Charlie Hebdo" : pour les humoristes, tenter de rire contre l'horreur
Si les caricaturistes utilisaient leur plume pour faire rire et se moquer, les humoristes, eux, ont décidé de se servir de leur voix pour rappeler qui étaient Honoré, Tignous, Wolinski, Cabu et Charb.
Le rire, en mémoire des victimes. Les humoristes ont choisir de conserver leur ton habituel, jeudi 8 janvier, pour rendre hommage aux douze personnes tuées dans l'attentat mené mercredi au siège de Charlie Hebdo. Voici leurs interventions.
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"Faites preuve d'humour" : Nicolas Canteloup
L'humoriste d'Europe 1, qui anime "la Revue de presque" du lundi au vendredi à 8h45, a d'abord rendu hommage aux victimes de l'attentat de Charlie Hebdo en imitant la voix du présentateur Marc-Olivier Fogiel. "On va faire des vannes horribles sur vous, les gars, un peu à la Charlie Hebdo", prévient Nicolas Canteloup. "Petite précision sur l'assassinat du pervers pépère Wolinski, 80 ans, d'après les premiers examens, il serait mort de vieillesse pendant l'attentat", lance-t-il.
Puis l'humoriste imite François Hollande. "Français, Françaises, faites des dessins rigolos. (...) Faites preuve d'humour. Dessinez des bonshommes avec des gros nez, dessinez des bonshommes avec des grands pieds, dessinez-moi même avec une chapka, un sourire niais, un gros cul, si vous voulez. Car c'est ça la démocratie", dit-il avec la voix du chef de l'Etat.
Il conclut en prenant la voix de Guy Carlier : "On a enfin la réponse à cette question que se posent tous les mômes qui aiment les bandes dessinées : 'Où est Charlie ?' Eh ben il est au paradis."
"Avoir envie de trouver une vanne et échouer" : Sophia Aram
L'humoriste de France Inter, qui officie tous les matins juste avant le journal de 8 heures, commence par raconter une anecdote avec Charb. "Je me souviens d'une discussion que j'avais eue avec Charb. Je lui expliquais ma volonté d'enlever tous les symboles religieux de mon spectacle pour éviter d'énerver les cons. Je me souviens qu'il comprenait, mais lui, le dessinateur, avait besoin du symbole pour faire comprendre son dessin par le lecteur. (…) Je me souviens de la bande de Charlie à la sortie de mon spectacle", commence-t-elle.
"Je me souviens d'avoir envie de trouver une vanne, d'avoir envie d'en rire, et je me souviens d'avoir échoué", déclare-t-elle en poursuivant l'anaphore. Puis, avec beaucoup d'émotion et des sanglots dans la voix, elle conclut son intervention sur les croyances autour de l'existence de Dieu. "Soit il s'en contrecogne, soit il n'existe définitivement pas. Personnellement, l'irruption macabre de ces trois sinistres crétins me fait automatiquement pencher pour la deuxième solution", dit-elle en contenant difficilement ses larmes.
"On a perdu des gens joyeux" : Laurent Gerra
De son côté, l'animateur de RTL, qui connaissait les dessinateurs tués dans l'attaque contre le journal, a préféré intervenir un peu différemment par rapport à sa chronique habituelle. "On a perdu des gens joyeux", a déclaré Laurent Gerra. "C'était surtout des gens qui cherchaient à faire rire", a-t-il souligné.
Un tee-shirt et des pensées : Louis C.K. et Jon Stewart
Outre-Atlantique, le comédien Louis C.K., auteur et personnage principal de la série Louie et auteur de stand-up, a rendu hommage aux dessinateurs lors de son spectacle mercredi soir, comme a pu le constater le journaliste de Slate.com Forrest Wickman (en anglais). Il portait un tee-shirt où était écrit au stylo Charlie Hebdo, au Madison Square Garden à New York.
Jon Stewart, qui présente une émission de télé satirique sur l'actualité sur Comedy Central, a également évoqué l'attaque dans un monologue. "Nos pensées sont pour les salariés et les familles de Charlie Hebdo ce soir. (...) Bien sûr, bien sûr, notre but ce soir n'est pas de donner un sens à tout ça, parce qu'il n'y a pas de sens à donner à tout ça. Notre but, comme toujours, est de continuer", a-t-il déclaré, rapporte Slate.
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