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Attentats terroristes : casse-tête autour de l'enterrement des frères Kouachi et d'Amedy Coulibaly

Le maire de Reims, où Saïd Kouachi vivait, refuse catégoriquement d'accueillir la dépouille du terroriste dans le cimetière de la ville. En 2012, celle de Mohamed Merah avait aussi posé problème.

Article rédigé par Violaine Jaussent
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les deux auteurs de l'attentat contre "Charlie Hebdo", Chérif Kouachi (G) et Saïd Kouachi (C), et l'auteur des fusillades de Montrouge (Hauts-de-Seine) et de la porte de Vincennes, Amedy Coulibaly. (POLICE NATIONALE)

Où les terroristes, auteurs des attentats survenus les 7 et 9 janvier, vont-ils être enterrés ? Cette question, épineuse, n'est pas encore réglée. Et fait polémique. Francetv info revient sur les difficultés que posent ces enterrements.

Que dit la loi ?

Selon la loi, les proches d'un défunt doivent demander l'autorisation d'inhumation au maire de la commune du cimetière choisi. Théoriquement, les édiles ne peuvent refuser l'inhumation là où une personne habitait, là où elle est morte ou encore là où se trouve un caveau familial. Dans les autres cas, les maires peuvent s'opposer à l'inhumation.

Que répondent les maires ?

A Gennevilliers (Hauts-de-Seine), le maire veut une sépulture anonyme. La veuve de Chérif Kouachi souhaite qu'il soit enterré dans cette ville, où ils partageaient un appartement. Elle aimerait, en outre, que son beau-frère, Saïd Kouachi, y soit inhumé.

La mairie "n'a pas d'autre choix légal que de laisser l'inhumation de Chérif Kouachi se dérouler", souligne le maire (PCF) Patrice Leclerc dans un communiqué. Si l'édile se plie à la loi et "se refuse à toute polémique" concernant Chérif Kouachi, il pose une condition : la sépulture devra être "anonyme", afin qu'elle ne devienne pas "un lieu de pèlerinage", explique-t-il à l'AFP. Comme la loi le lui permet, il refuse, en revanche, que le frère, qui vivait à Reims (Marne), soit enterré dans sa ville.

A Reims (Marne), le maire refuse toute inhumation. Saïd Kouachi, l'un des deux frères auteurs de l'attaque contre Charlie Hebdo, vivait à Reims avec son épouse depuis plus d'un an. Sa famille a donc demandé à ce qu'il soit inhumé dans un carré musulman d'un cimetière de la ville. Selon les informations de France 3 Champagne-Ardenne, les pompes funèbres ont été contactées en ce sens.

Mais le maire UMP a déclaré jeudi à France 3 Champagne-Ardenne et à RMC qu'il s'y opposait. "Je ne veux surtout pas qu'on ait une sépulture sur la commune qui puisse servir de sépulture de martyre pour un certain nombre de personnes." Pour motiver son refus, Arnaud Robinet évoque des risques de troubles à l'ordre public. L'élu devrait alerter le préfet de la Marne en ce sens. "Dans un cimetière rémois, les gens sont là pour reposer en paix. Ce sont des jeunes qui voulaient partir au jihad, partir en Syrie, en Irak ou ailleurs et bien qu'ils aillent se faire inhumer là où ils voulaient tant partir", ajoute-t-il.

S'il obtient un arrêté préfectoral, les proches des Kouachi n'auront d'autre choix que de demander un permis d'inhumer à la ville de Dammartin-en-Goële, où ils ont été abattus. Interrogé par le JDD, le maire de cette petite commune de Seine-et-Marne explique ne pas être favorable à cette demande : "Nous ne voulons pas devenir un lieu de pèlerinage. Nous souhaitons simplement tourner la page et retrouver un peu de sérénité."

Pas de décision pour Amedy Coulibaly. Une partie de la famille du troisième terroriste, qui vit à Grigny (Essonne), explique à l'AFP qu'elle n'a pas encore décidé où l'inhumer. La mairie, visiblement embarrassée, n'a pas reçu de demande en ce sens jusqu'ici. Même chose à Fontenay-aux-Roses (Hauts-de-Seine), où il résidait. La mairie précise toutefois que son cimetière ne dispose pas de carré musulman.

Reste une dernière possibilité : des funérailles en Algérie, pays d'origine de leurs parents, pour les frères Kouachi. Ou au Mali, d'où vient sa famille, pour Coulibaly.

Comment cela s'est passé pour Mohamed Merah ?

Le cas des obsèques de Mohamed Merah, auteur des tueries de Toulouse (Haute-Garonne) et de Montauban (Tarn-et-Garonne) en 2012, avait suscité l'embarras en France et en Algérie. Alger avait refusé d'accueillir sa dépouille, invoquant des raisons de sécurité. Puis le maire de Toulouse de l'époque, Pierre Cohen, avait explique qu'il ne voulait pas non plus de la sépulture de Mohamed Merah.

Cette polémique avait exaspéré au plus haut point Nicolas Sarkozy, alors président de la République. "Que [Mohamed Merah] soit enterré et qu'on ne fasse pas de polémique", avait-il tranché en 2012. Le "tueur au scooter" a finalement été inhumé en catimini à Cornebarrieu, en banlieue toulousaine, sous un simple monticule de terre entouré de pierres, à l'écart des autres tombes du carré musulman, sans nom ni dates.

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