Attentat d'Arras : un an après le meurtre de Dominique Bernard, l'assaillant ne fait preuve "d'aucune remise en question sur son passage à l'acte"

Le principal suspect de l'assassinat de l'enseignant, le 13 octobre 2023 à Arras, assume totalement son geste. Franceinfo a pu consulter la dernière expertise psychologique réalisée sur le Russe de 21 ans, ancien élève de l'établissement où Dominique Bernard enseignait.
Article rédigé par Margaux Stive
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un portrait de Dominique Bernard sur la façade de l'hôtel de ville d'Arras (Pas-de-Calais), le 19 octobre 2023 (FRANCOIS LO PRESTI / AFP)

Originaire d'Ingouchie, radicalisé, Mohammed Mogouchkov ne fait preuve d'"aucune remise en question sur son passage à l'acte", un an après les faits, d'après la dernière expertise psychologique à laquelle franceinfo a eu accès. Il est mis en examen pour avoir tué à coups de couteau son ex-professeur de français à Arras (Pas-de-Calais) le 13 octobre 2023, devant son ancien lycée. Il a aussi blessé un professeur d'EPS et deux employés de l'établissement. Son petit frère et son cousin sont également mis en examen, l'un pour "complicité d'assassinat terroriste" et "association de malfaiteurs terroristes", l'autre pour "abstention d'empêcher un crime".

D'après l'expert qui a interrogé Mohammed Mogouchkov en prison en juillet dernier, l’élément déclencheur remonte à 2018, quand le père de l’assaillant, lui-même fiché S, a été expulsé du territoire français. Cette "figure d’autorité" dans cette famille d’origine caucasienne est marquée par "une vision rigoriste de l’islam". Et cette séparation a pu constituer selon le psychologue "le terreau d’un ressentiment vis-à-vis de la société française". Lorsqu'un an plus tard, son grand frère a été incarcéré dans un dossier d’attentat déjoué à Paris, Mohammed Mogouchkov a alors commencé à développer "un intérêt de plus en plus prononcé pour les vidéos de l’État islamique et le parcours de certains terroristes", jusqu’à préparer une attaque contre son ancien lycée. Ce projet était "réfléchi et déterminé", affirme l’expert.

"C'est lui que je visais"

D'après les deux derniers interrogatoires du terroriste, auxquels franceinfo a eu accès, Mohammed Mogouchkov a affirmé aux juges d'instruction que Dominique Bernard était bien la cible principale. "C’est lui que je visais", dit-il. Les lettres, la matière qu'enseignait Dominique Bernard, représentaient "l’attachement au système de la République, de la démocratie et des droits de l’Homme", explique le terroriste. Concernant les personnes qu’il a blessées dans un second temps, il explique que "c’était un engrenage", que "ce n’était pas préparé" mais qu'il aurait "pu les tuer". "J’en étais capable (…) mais la volonté m’a quitté", a assuré l’assaillant devant la juge en janvier.

Dans son dernier interrogatoire en avril, Mohammed Mogouchkov disculpe son petit frère, mis en examen, affirmant que cet attentat "était quelque chose de trop grand pour qu’il puisse être au courant". Il reconnaît tout de même lui avoir posé des questions sur le maniement des couteaux. Élément confirmé par le jeune frère qui a expliqué à la juge d'instruction que "Mohammed [lui] avait demandé jusqu’où il fallait couper pour la décapitation" tout en assurant qu'il ne savait "pas du tout que c’était réel".

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