Attentat d'Arras : 250 personnes reçues par la cellule psychologique, avec "énormément de détresse émotionnelle et beaucoup de sentiment d'impuissance de la part des familles", décrit un médecin
Depuis vendredi 13 octobre et la mort de Dominique Bernard, tué par un terroriste devant son lycée d'Arras, dans le Pas-de-Calais, "environ 250 personnes" ont été reçues par la cellule psychologique, avec "des états de stress dépassé, énormément de détresse émotionnelle et beaucoup de sentiment d'impuissance de la part des familles", décrit le docteur Laure Rougegrez, médecin à la cellule psychologique du Pas-de-Calais, invitée de France Bleu Nord lundi 16 octobre.
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La cellule d'urgence médico-psychologique a été mise en place à la cité scolaire Gambetta-Carnot dès vendredi 13 octobre, après l'assassinat terroriste de Dominique Bernard devant l'établissement scolaire. Elle a vu "environ 250 personnes, que ce soit les élèves et personnels du lycée Gambetta", comptabilise le docteur Rougegrez. "Samedi, on a ouvert deux postes d'urgence médico-psychologique sur le lycée Gambetta, un à destination des élèves et des familles et un deuxième à destination des professeurs. On a eu différents tableaux cliniques : des états de stress dépassé, énormément de détresse émotionnelle, et beaucoup de sentiment d'impuissance de la part des familles".
Dans la matinée du lundi 16 octobre, plusieurs personnes viennent encore se recueillir devant le lycée Gambetta ou déposer des fleurs, a constaté un journaliste de France Bleu Nord, dont des parents qui ont peur de remettre leurs enfants au collège ou au lycée du secteur. "Effectivement, on a été attaqué dans nos valeurs, attaquer une équipe pédagogique au sein d'un établissement scolaire, c'est violent et ça remet en cause aussi la sécurité, analyse le docteur. C'est important de pouvoir échanger avec les élèves, avec les professeurs. De pouvoir se remettre en lien, ensemble, c'est aussi remettre de la sécurité".
"Ce moment de partage est primordial. Après, chacun le fait à son rythme, en fonction de ce qu'on se sent capable de faire, chacun n'a pas la même temporalité"
Dr Laure Rougegrez, médecin à la cellule psychologique du Pas-de-Calaisà France Bleu Nord
Certains élèves vendredi 13 octobre, non témoins de la scène d'attentat étaient en pleurs, d'autres au contraire sont passés à quelques mètres de l'assaillant et ont déclaré : "Je n'ai pas eu peur". "Ça peut rentrer dans le cadre de stress dépassé, où sur le coup on peut se sentir vraiment déconnecté, ne plus rien ressentir du tout au niveau émotionnel, il faut faire attention. Ce sont des éléments qui vont signer l'impact traumatique", prévient le médecin.
Le docteur Laure Rougegrez conseille de parler à ses enfants de la situation : "Tout dépend l'âge de l'enfant, tout le monde va parler aujourd'hui de l'hommage à Samuel Paty et Dominique Bernard. Sur les réseaux sociaux, les adolescents sont exposés à tout ça. Donc il est important que les parents puissent ouvrir un espace de parole qui soit humain, tout simplement, pouvoir laisser la parole aux enfants, pouvoir montrer qu'on est là, qu'on écoute, exprimer aussi ses inquiétudes, complètement légitimes, tout en gardant un cadre qui soit rassurant". Et le médecin conclut : "Le fait de reprendre l'école, c'est aussi montrer que la cadre continue, que la vie continue, et que l'institution au sens large continue de fonctionner malgré tout".
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