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Attentat de Marseille : Tunisie, France, Italie... retour sur le parcours du terroriste

Ahmed Hanachi est notamment passé dans la région d'Aprilia, près de Rome, la capitale italienne.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des policiers à la gare Saint-Charles, à Marseille (Bouches-du-Rhône), le 1er octobre 2017. (GEORGES ROBERT / CITIZENSIDE / AFP)

L'auteur de l'attentat de Marseille, qui a tué deux personnes à la gare Saint-Charles, dimanche 1er octobre était de nationalité tunisienne. Mais Ahmed Hanachi, 29 ans, n'est pas venu directement de Tunisie. Les enquêteurs ont déjà retracé une partie de son parcours. Franceinfo revient sur les étapes identifiées pour l'instant.

En France dès 17 ans

Ahmed Hanachi a quitté la Tunisie quand il était adolescent, pour rejoindre un oncle maternel en France. C'était en 2005. Objectif : "faire sa vie", résume le père du terroriste, Noureddine Hanachi, un sexagénaire qui réside dans un quartier de classe moyenne de Laâyoune, localité proche de Zarzouna, à environ 70 km au nord de Tunis.

Dès sa première année en France, il est arrêté pour des délits mineurs. En 2005, il est interpellé à Toulon (Var), à au moins deux reprises, et donnent deux identités différentes. Cette année-là, il est également arrêté à Fréjus. L'année suivante, il est interpellé à Menton, Toulon et Marseille. Il sera interpellé plus tard, en 2014, à Châlon-sur-Saône (Saône-et-Loire). Une équipe de France 2 a retracé ce parcours chaotique.

En Europe, Ahmed Hanachi est tombé dans la drogue. Il revenait régulièrement en Tunisie, et quelques amis de longue date, qui vivent en Tunisie, se rappellent d'un fêtard. Ils disent avoir essayé avec lui "toutes les drogues".

"Il te dit pas 'Dieu est grand' ou 'il n'y a de Dieu que Dieu et Mohamed est son prophète', il ne connaît pas ce langage. Mais plutôt 'viens on va boire, viens on va fumer et prendre des cachets', il connaît que ça. Je le connais plutôt comme quelqu'un qui fume, boit et consomme du Subutex", raconte un ami d'Ahmed âgé de 29 ans, qui prétend s'appeler Anouar.

En Italie pendant une dizaine d'années

"Il s'est marié à Aprilia, avec une Italienne, en 2008, il y a été inscrit comme résident entre mars 2010 et mai 2017", a déclaré un représentant de la mairie de cette ville qui se trouve à une quarantaine de kilomètres au sud-est de Rome, la capitale italienne. Il y a été arrêté à deux reprises pour des affaires de droit commun. 

"Il a ensuite été radié des listes communales, faute d'avoir renouvelé son certificat de résidence, mais nous savons qu'il n'habitait plus sur la commune depuis 2015", a-t-il ajouté.

Séparé depuis trois ans, "le couple avait vécu chez les parents de l'épouse, des gens honnêtes dont nous savons qu'ils n'étaient pas très heureux de cette union", a-t-il poursuivi.

Il n'a jamais été radicalisé. Il s'en fichait de la religion. Il avait des problèmes de drogue, ça oui.

Beau-père d'Ahmed Hanachi

Selon des déclarations de carabiniers à La Stampa (article abonnés, en italien), l'homme "n'avait pas l'air d'un extrémiste, ne semblait même pas intéressé par la religion mais il buvait, se droguait et ne fréquentait pas la mosquée..."

Toutefois, la région d'Aprilia "fait l'objet d'une surveillance depuis longtemps, en raison de plusieurs cas de présumés 'sympathisants' du jihad, dont certains ont déjà été expulsés pour des raisons de sécurité majeures", a précisé le procureur adjoint de Rome, Francesco Caporale. Il se trouve qu'Anis Amri, l'auteur de l'attentat du marché de Noël de Berlin, était également passé par Aprilia. "On ne peut pas, à l'heure actuelle, parler d'une hypothétique cellule jihadiste", a tempéré le magistrat.

"En l'état actuel de l'enquête, il n'apparaît pas de contact entre Ahmed Hanachi et Anis Amri, ce dernier ayant en outre séjourné seulement pour une courte période dans les environs d'Aprilia", a expliqué le procureur Caporale.

Retour en Tunisie pour désintoxication

Epaulé par son frère Anouar, Ahmed avait essayé, à l'été 2016, de mettre un terme à sa consommation de drogues lors d'un séjour de plusieurs mois en Tunisie. "Il allait mieux, après il est rentré en Italie, en France", a raconté Anouar. "Je ne savais pas ce qu'il devenait ces derniers temps", indique le père, qui dit ne pas avoir parlé à ses fils en Europe depuis plus de deux mois.

En France avant son passage à l'acte

Les investigations sont toujours en train de reconstituer les derniers jours d'Ahmed Hanachi. Mais une chose est certaine. Deux jours avant l'attentat, vendredi 29 septembre, l'auteur de l'attentat de Marseille a été placé en garde à vue pour avoir tenté de voler, à Lyon, un blouson à 39 euros. Etant donné qu'il est détenteur d'un passeport tunisien, en situation irrégulière en France et connu en Tunisie pour des faits de droit commun, une procédure est lancée, mais avortée.

Ahmed Hanachi "n'a pas pu être placé en centre de rétention, car la préfecture du Rhône n'a pas donné son feu vert", expliquent des sources proches de l'enquête. L'une d'elles précise que "la personne de permanence à la préfecture du Rhône, ayant autorité pour signer l'obligation de quitter le territoire et le placement en centre de rétention (...) était absente". Des circonstances qui font polémique. Le ministre de l'Intérieur a saisi, lundi soir, l'Inspection générale de l'administration pour faire la lumière sur cette procédure.

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