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Aulnay-sous-Bois : "Aujourd'hui, on n'entend pas la version de nos collègues policiers et de leurs conseils"

Le secrétaire général Unité-SGP-Police, Yves Lefebvre, estime mercredi sur franceinfo que l'on "condamne" les policiers mis en examen "avant même que la justice ait eu le temps de procéder à toutes les investigations."

Article rédigé par franceinfo
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Des policiers à Aulnay-sous-Bois, le 2 février 2017. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

Le secrétaire général Unité-SGP-Police, Yves Lefebvre, affirme mercredi 8 février sur franceinfo que l'"on condamne" les policiers mis en examen suite à la violente interpellation de Théo à Aulnay-sous-Bois"avant même que la justice ait eu le temps de procéder à toutes les investigations".

Il regrette que "la version" de ses collègues ne soient pas entendue et que les mises en examen des policiers, dimanche, soient, semble-t-il, intervenues avant que "la juge d'instruction ait pu visionner l'intégralité des images, à cause d'un problème technique". 

franceinfo : Quel est votre sentiment face à ces mises en examen en tant que syndicaliste policier ?

Yves Lefebvre : On vit très mal cette affaire. Avant même que la justice ait eu le temps de procéder à toutes les investigations, on condamne nos collègues. Samedi, on s'orientait vers une mise en examen pour violences aggravées. Des faits, qui ne sont pas des faits nouveaux, ont abouti sur une mise en examen pour viol de l'un de nos collègues. Il semblerait, et ce n'est pas un fait d'esprit du syndicaliste policier que je suis, selon les déclarations des avocats de nos quatre collègues, que suite à un problème technique, que la juge d'instruction n'ait pas pu visionner l'intégralité des images.

Vous ne croyez pas à la version de Théo ?

Il y a des coups, il y a une interpellation qui dégénère. Bien sûr, on constate une violence au moment de l'interpellation, mais qui a provoqué cet état de fait ? Aujourd'hui, on juge les policiers uniquement sur des images. Qu'est-ce qui a généré cette intervention, qui effectivement atteste d'une certaine violence ? Personne ne se pose la question.

Est-ce que la police a sa part de responsabilité ?

J'entends le maire d'Aulnay-sous-Bois, Bruno Beschizza, clamer aujourd'hui qu'il faut que la police soit exemplaire. Mais il fait partie d'un parti politique, avec Nicolas Sarkozy, qui a quand même mis en place une politique de suppression de 10 000 emplois de policiers. Aujourd'hui, il se rend compte qu'on manque de policiers, et qui plus est dans le 93. Pas plus que l'actuel gouvernement, ils n'ont été capables de mettre en place des réelles mesures de fidélisation, de rémunération en adéquation avec le risque encouru par les collègues au quotidien.

Est-ce que les policiers connaissent le contexte local ?

Non. Les policiers sortent d'école au bout de 10 ou 12 mois. Ils sont affectés dans un commissariat de banlieue. Au sein même de ce commissariat, on les affecte dans ces brigades de surveillance du territoire, dites de quartier. En l'occurrence, ces jeunes-là ne sont pas formés pour ce métier-là. Ils ne sont pas encadrés pour ce métier bien particulier qui est celui de mettre à mal les trafics de stupéfiants. Ils n'ont pas l'encadrement, ni la formation initiale et permanente, ni le matériel.

Les policiers ne sont-ils pas assez formés aux questions d'égalité, de lutte contre les discriminations, pour éviter par exemple les contrôles au faciès ?

Il faut arrêter avec les contrôles au faciès. Aujourd'hui il n'y a pas plus de contrôles au faciès qu'autre chose. Malheureusement, on a fait de ces quartiers des ghettos où on a mis des populations issues de l'immigration. Fatalement, quand vous procédez à un contrôle dans ces quartiers, vous avez huit chances sur dix d'être taxé de racisme. Mais il n'y a pas de racisme. Par contre, il y a tout à revoir dans la formation de la police nationale. On a mis en jachère la police nationale entre 2007 et 2012. François Hollande a pris des mesures pour réinitier une politique de recrutement. Mais ceux qui doivent former le policier, la direction centrale de la formation, n'avaient pas jusqu'à présent les moyens de le faire. On a fait un effet mirage un peu populiste sans arriver à professionnaliser nos collègues.

Yves Lefebvre : "Aujourd'hui, on n'entend pas la version de nos collègues et de leurs conseils"

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