ArcelorMittal dans la tourmente judiciaire et financière
Qu'est-ce qui est le plus inquiétant ? Le plan d'économies d'ArcelorMittal, ou l'information judiciaire ouverte à Dunkerque pour un trafic de déchets toxiques ? Tout dépend où l'on se place, sur le terrain économique ou environnemental, global ou local.
Il y a donc le plan dévoilé ce matin, un plan d'économies de 4 milliards de dollars - 2,8 milliards d'euros- sur les cinq prochaines années. A la clé, des réductions d'effectifs, dont l'ampleur n'a pas été précisée. Seule certirude pour le moment, il n'y aura ni licenciements secs ni impact social en France.
_ Selon le document diffusé par l'entreprise, “ce plan visera principalement à accroître la productivité du personnel, à réduire la consommation d'énergie et à baisser les coûts de production afin d'augmenter le rendement et d'améliorer la
qualité des produits.”
Depuis la fusion d'Arcelor et de Mittal Steel, en juin 2006, qui a fait du groupe le numéro un mondial de l'acier, l'heure est aux économies : 1,6 milliard de dollars déjà réalisés ; et des profits qui s'envolent :10,36 milliards de dollars - 7,5 milliards d'euros l'an dernier.
A quel prix ? La direction d'ArcelorMittal aura fort à faire pour justifier cette affaire qui vient d'éclater du côté de Dunkerque. La société Sollac est soupçonnée de trafic de déchets toxiques entre 1993 et 2004 - en les revendant en Belgique sous forme de carburant pour tankers. Bien sûr, les faits sont antérieurs à la fusion, mais ce n'est jamais très bon pour l'image de marque...
Le dossier dormait dans les tiroirs des douanes depuis trois ans. Mais le parquet a réagi, et a ouvert une information judiciaire, pour “corruption, concussion, faux et usages de faux documents administratifs et exportation non-déclarée pour
élimination dans l'Union européenne de déchets nuisibles”.
Le mécanisme était bien huilé, selon le journal La voix du Nord. L'entreprise Sollac déclarait vendre à la SONOLUB (une société de valorisation des déchets) son fioul "naphtalisé", un produit toxique et cancérigène issu du nettoyage des installations du sidérurgiste. En fait, le fioul était stocké par le Rubis Terminal (un entrepôt d'hydrocarbures de Dunkerque), avant d'être vendu et convoyé en Belgique où il terminait son cycle comme carburant pour les super-tankers.
Les sommes en jeu seraient de l'ordre de plusieurs millions d'euros - même le procureur parle de sommes très importantes.
Guillaume Gaven, avec agences
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