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Anesthésiste de Besançon : si une soixantaine d'empoisonnements sont avérés, "ce serait quasiment du jamais vu en France"

Déjà mis en examen pour sept empoisonnements présumés de patients dont deux sont décédés, un anesthésiste de Besançon a été placé en garde à vue mardi afin d'être interrogé sur "une cinquantaine" de nouveaux cas. L'avocat de familles de victime évoque un cas "hors normes".

Article rédigé par franceinfo
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Une des cliniques de Besançon où l'anesthésiste exerçait. (LUDOVIC LAUDE / MAXPPP)

Un anesthésiste de Besançon, déjà mis en examen pour sept empoisonnements présumés de patients, a été placé en garde à vue mardi afin d'être interrogé sur "une cinquantaine" de nouveaux cas. Si tous ces cas étaient avérés, "il est certain que dans l'histoire judiciaire française, il serait dans le Top 5 des tueurs en série", estime mercredi 15 mai sur franceinfo Frédéric Berna, l'avocat de quatre familles de victimes présumées et avocat de l’association de défense des victimes présumées.

franceinfo : Que pouvez-vous nous dire sur le chiffre de 50 nouveaux cas potentiels ?

Frédéric Berna : C'est très difficile de confirmer mais les sources ont l'air concordantes pour dire qu'en tous cas, il y a une cinquantaine de cas complémentaires qui sont à l'étude. Il faut rester prudent. Ce n'est pas parce qu'il y a une cinquantaine de cas sur lesquels l'anesthésiste est interrogé qu'à l'issue de sa garde à vue une cinquantaine de cas pourront lui valoir une mise en examen. Ce qui est certain c'est que nous avions déjà des informations depuis deux ans sur une quarantaine de cas complémentaires qui devaient être mis à l'étude. Les autorités sanitaires l'avaient confirmé, les autorités judiciaires aussi. Nous verrons ce qu'il reste à l'issue de cette garde à vue.

Si ces cas étaient confirmés, serions-nous devant une affaire judiciaire hors normes ?

Si jamais nous pouvions envisager qu'il lui soit imputé 50 cas, en plus des sept, ce qui ferait quasiment une soixantaine de cas, il est certain que dans l'histoire judiciaire française, il serait dans le Top 5 des tueurs en série. Si mes souvenirs sont bons, à part Gilles de Rais au XVe siècle et le docteur Petiot, et encore on lui en impute entre 25 et 60, on serait véritablement devant un cas totalement hors normes. En terme d'empoisonnement, ce serait quasiment du jamais vu en France en tous cas, puisqu'il y a un cas à peu près similaire en Allemagne.

Ce médecin a toujours clamé son innocence. Qu'est-ce qui pourrait expliquer ces gestes ?

Expliquer les gestes c'est extrêmement compliqué dans la mesure où effectivement, l'anesthésiste clame son innocence. Si tant est qu'il soit effectivement coupable de ces empoisonnements, il y a quand même un certain nombre d'indices qui convergent, ça relève certainement d'un ressort psychologique particulier. Certains développent la thèse du pompier pyromane, la volonté de se sentir tout puissant. Il est vrai qu'il a démontré au détour des diverses audiences auxquelles nous avons pu participer que c'était un homme qui avait véritablement une très très haute opinion de lui-même, un côté surpuissant qui est confirmé par de multiples médecins. Il ne cesse d'affirmer qu'il est le meilleur anesthésiste de tous les temps, qu'il est impossible qu'il ait pu faire des erreurs et qu'en fait, c'est toujours la faute des autres qui sont autour de lui et qui ne sont pas suffisamment compétents.

En fait la thèse c'est qu'il aurait provoqué ces empoisonnement pour qu'on l'appelle au secours ?

C'est exactement ça. Et c'est pour ça que quand il dit : "Mais attention, ce n'était pas mes patients qui étaient empoisonnés ou en tous cas les incidents graves ne relèvent pas de patients que je soignais", ça n'a pas de sens à ce niveau puisque dans l'absolu l'idée serait de faire en sorte de provoquer des chocs sur les opérations pour qu'on l'appelle au secours. Ça peut être cette idée-là parce que l'enquête a d'ores et déjà démontré que le seul dénominateur commun à une multitude de cas sur deux cliniques différentes, c'était lui.

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