Amiante : un médecin du travail poursuivi
Condé-sur-Noireau, dans le Calvados. Une commune de près de 6.000 habitants, située dans la vallée de la Vère, que l'on surnomme localement “la vallée de la mort”. Car, après avoir fait sa richesse, l'amiante tue ici.
La vallée a vécu pendant plus de 100 ans grâce à cette fibre miraculeuse. Pas moins de 11 sites existaient, jusque dans les années 70. Depuis, on a pris conscience des dangers de l'amiante. Mais la fibre n'a été interdite qu'en 1997.
Au moins une personne en meurt ici chaque semaine. D'ici 20 ans, 3.000 personnes auront disparu. Condé-sur-Noireau a érigé un monument à l'entrée de la ville. Un monument à la mémoire des victimes de l'amiante.
Voilà qui éclaire peut-être un peu mieux cette décision de la justice de mettre en examen un médecin du travail, pour “non-assistance à personne en péril”.
Le docteur Claude Rafaeli est convoqué demain par les juges qui instruisent des plaintes déposées en 1996 par les familles de deux salariés. Les expertises ont montré que les décès étaient dus à un mésothéliome, une tumeur déclenchée par inhalation de fibres d'amiante.
Six anciens directeurs de l'usine Ferodo-Valéo ont déjà été mis en examen, il y a un an, pour “blessures et homicides involontaires” et “non-assistance à personne en danger” dans le cadre de cette affaire.
Ce sera la première fois en tout cas qu'un médecin du travail sera mis en examen. Car, selon la partie civile, il n'a pas joué le “rôle d'alerte” prévu par la loi.
_ Qui plus est, l'homme était membre du Comité permanent amiante de 1982 à 1996 -- un lobby de l'indsutrie qui a joué, toujours selon la partie civile, “un rôle non négligeable dans le retard de l'interdiction du matériau en France”. Une confusion des genres plutôt troublante...
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.